René Goscinny aurait eu aujourd'hui 86 ans si son coeur ne s'était pas arrêté de battre un fatidique 5 novembre 1977. Au vu de l'oeuvre qu'il nous a léguée en un peu plus de 25 ans de carrière, on a du mal à imaginer tout ce qui aurait pu encore sortir de ce génial esprit si la bonne fortune lui avait offert un quart de siècle de vie supplémentaire. Hélas, ce ne fut pas le cas et il ne nous reste plus que le piètre plaisir de rêver aux albums qu'il aurait pu créer. Combien de nouvelles aventures d'Astérix (made by René) nous sont passées sous le nez à cause d'un coeur trop fragile? Combien de nouveaux albums de Lucky Luke ou d'Iznogoud signés Goscinny aurions-nous pu savourer encore si le destin avait été plus clément? Nous ne saurons jamais non plus quels autres chemins créatifs aurait pris ce diable d'homme car, dans les dernières années, Goscinny s'était essayé à d'autres modes d'expression: le dessin animé et le cinéma. Ce qui est sûr et bien sûr par contre, c'est que, depuis sa disparition il y a 35 ans, René Goscinny a laissé un vide que personne n'a pu combler et ce qui nous laisse à penser qu'il est l'homme le plus influent de l'histoire de la bande dessinée française. Tel un Hergé pour la bande dessinée belge mais pour d'autres raisons, la France de la bédé doit beaucoup au grand René comme l'a si bien illustré Morris dans le dessin suivant.
Tous les amateurs de bande dessinée francophone pourraient bien se cotiser pour élever cette statue à René Goscinny. Ce sera peut-être chose faite un de ces quatre, pour l'instant et ce n'est pas plus mal, ce sont des lieux publics qui reçoivent le nom du génial scénariste, une rue dans le XIIIème arrondissement parisien, une bibliothèque à Langres (Haute-Marne), un centre de loisirs à Saint-Sulpice (Tarn), un collège à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), un lycée à Nice. En 1992, c'est le lycée français de Varsovie (ville natale du père de Goscinny) qui décide de prendre le nom du célèbre auteur. Et puis surtout comme un grand clin d'oeil au Petit Nicolas et un juste retour des choses, ce sont des écoles René Goscinny qui éclosent un peu partout sur la carte de France, à Cannes, à Beaulieu-sous-la-Roche (Vendée), à Auzeville-Tolosane (Haute-Garonne), à Cléon (Seine-Maritime), à Le Louroux-Béconnais (Maine-et-Loire) ou encore à Pannecé (Loire-Atlantique) où les salles de classe portent les délicieux prénoms Agnan, Alceste, Clotaire, Joachim, Geoffroy... Cela vous dit quelque chose?
Tous ces hommages sont plus que mérités car Goscinny n'a pas seulement secoué le petit monde de la bande dessinée, c'est l'univers de la culture française tout entière qui a été bouleversé. Les quelque 550 millions d'albums et de livres vendus en sont la preuve irréfutable, sans parler des films, dessins animés et autres ouvrages en tous genres. La société française (ou mondiale?) lui a offert le plus bel hommage en adoptant une bonne demi-douzaine d'expressions ou formules dans sa langue quotidienne. Qui n'a jamais prononcé le célèbre "il est tombé dedans quand il était petit" ou encore le non moins célèbre "il tire plus vite que son ombre"? Ce n'est pas demain la veille non plus que disparaîtront de l'imaginaire français tous les personnages créés par Goscinny et certaines des images récurrentes que sont, par exemple, le banquet final d'Astérix ou le poor lonesome cowboy de Lucky Luke. Preuve que Goscinny a toujours la cote, on a vu Nicolas Sarkozy écoper du gentil sobriquet Le petit Nicolas, référence évidente au personnage de Goscinny et qui a donné lieu à quelques tendres pastiches, Le petit Nicolas, Ségolène et les copains, Le petit Nicolas à l'Elysée, etc...
Mais Goscinny n'est pas seulement le génial et prolifique scénariste que l'on sait et sans doute un des auteurs francophones les plus lus dans le monde, il a été aussi entrepreneur et patron des étonnants Studios Idéfix (le 1er studio de dessin animé en Europe digne de mention). Surtout il fut le directeur du journal Pilote et, par ce biais, grand découvreur de toute une nouvelle génération d'auteurs aussi différents les uns des autres que Giraud, Gotlib, Bilal, Fred, Brétécher, Tardi, Druillet, F'murr ... Avec cette bande de joyeux drilles, il va révolutionner le paysage de la bande dessinée française installée dans le conservatisme et la monotonie depuis trop longtemps. Outre les nombreux chefs d'oeuvre qu'il nous a laissés, c'est peut-être là son legs le plus précieux. Pour tout cela et tant d'autres choses... merci Monsieur Goscinny.
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Je peux imaginer parfaitement l'influence qu'a eu Goscinny dans la BD francophone, parce que je suis spagnole, et cependant, ma enfance est pleine de mémoires de ses histoires. Quand je et mes soeurs étions petites, mes parents achetaient beaucoup d'albums pour nous les lire pendant les vacances. Nous les savourions et riions avec les aventures d'Asterix, bien sûr, mais aussi avec Lucky Luke et Iznogoud ( nous avions un ami avec un grand nez et nous lui appellions Iznogoud), et moi, je suis Idefix parce que je suis petite et très têtue.
RépondreSupprimerPlus tard, j'ai découvert " Le petit Nicolas" avec ma fille et je l'ai aimé peut-être le plus.
Ce pour ça, que je veux remercier à le diabl@gueur ce petit hommage à ce génial scénariste qui a été René Goscinny pour les mervilleux momments que nos a donné. Merci beaucoup et bonnes vacances.Margot.
D’habitude on commémore la mort des gens exceptionnels. Moi j’suis plutôt du genre à fêter leur naissance. C’est pour cela que pour moi le « remember, remember the fifth of November » a acquis un nouvel sens à jamais mais surtout le 14 août.
RépondreSupprimerMerci de cette nouvelle édition du Diablog aussi intéressante que les autres.
Ce mec avait une bouille et un caractère qui faisaient tout à fait honneur à son prénom juif qui veut dire « joie » (bienheureuse Wikipedia) et à son nom de famille (« hospitalier » en Polonais, on dirait). Plus tard quand je serai grande je vais tâcher de lui ressembler pour ainsi devenir Gosse(à l’inf)ini. ;)
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