Hergé était-il raciste? Voilà la question la plus récurrente que le créateur de Tintin a dû supporter durant toute sa vie et, même après sa disparition en 1983, les suspicions et les reproches ne cessèrent aucunement. Ainsi on peut affirmer que, dans les milieux non bédéphiles, Hergé est plus célèbre pour les accusations de racisme et les procès que pour son œuvre. Qu’en est-il exactement ? En premier lieu et à sa décharge, l’auteur de Tintin eut le tort d’entretenir des relations trop étroites avec certaines personnalités ultra-catholiques ou ultra-conservatrices de son pays. Même s’il ne sympathisa jamais avec ses mouvances politiques, il ne renia jamais aucun de ses amis même ceux qui s’égarèrent sur les chemins de la droite extrême car voilà le génial dessinateur était extrêmement fidèle en amitié. Ainsi il resta fidèle à celui qui fut son mentor au début de sa carrière, le père Wallez, jusqu’à sa particulière descente aux enfers après la guerre (procès, emprisonnement). En revanche il sut aussi prendre ses distances avec certaines connaissances peu recommandables comme Léon Degrelle, le fondateur et dirigeant du mouvement Rexiste, un parti politique belge proche de Hitler et compagnie. Puis il y a eu son oeuvre analysée et disséquée dans ses moindres replis jusqu'à trouver la faute, la gaffe malencontreuse...et il y en eut malheureusement. À une époque où le politiquement correct n'était pas de mise, Hergé s'emmêla les pinceaux principalement dans deux albums, Tintin au Congo et L'étoile mystérieuse.
Lorsque Tintin au Congo paraît dans Le Petit Vingtième en 1930, Hergé ne peut échapper à la mentalité paternaliste et colonialiste de son époque (il a à peine 23 ans) et encore moins à la volonté de son employeur Norbert Wallez qui souhaite que l'aventure congolaise de Tintin soit un instrument de propagande coloniale. Il faut encourager la jeunesse belge à aller travailler au Congo. Hergé obtempère sans faire d'histoires, ses préoccupations sont plutôt d'ordre professionnelle ou artistique que morale ou éthique. Le résultat, ce sont des vignettes qui font un peu grincer les dents ...
Dans l'album remanié et en couleur de 1946, l'auteur rectifia quelque peu le tir mais pas suffisamment au vu des nombreuses plaintes et procès qui se sont succédé depuis. L'autre album sur lequel est pointé le doigt inquisiteur de la critique, c'est L'étoile mystérieuse, jugé anti-sémite. Il est vrai que le méchant de l'histoire est un banquier véreux qui répond au nom de Blumenstein et que les Juifs n'y sont pas très sympathiques. Observez les vignettes suivantes et jugez vous-même ...
Lorsque Tintin au Congo paraît dans Le Petit Vingtième en 1930, Hergé ne peut échapper à la mentalité paternaliste et colonialiste de son époque (il a à peine 23 ans) et encore moins à la volonté de son employeur Norbert Wallez qui souhaite que l'aventure congolaise de Tintin soit un instrument de propagande coloniale. Il faut encourager la jeunesse belge à aller travailler au Congo. Hergé obtempère sans faire d'histoires, ses préoccupations sont plutôt d'ordre professionnelle ou artistique que morale ou éthique. Le résultat, ce sont des vignettes qui font un peu grincer les dents ...
Dans l'album remanié et en couleur de 1946, l'auteur rectifia quelque peu le tir mais pas suffisamment au vu des nombreuses plaintes et procès qui se sont succédé depuis. L'autre album sur lequel est pointé le doigt inquisiteur de la critique, c'est L'étoile mystérieuse, jugé anti-sémite. Il est vrai que le méchant de l'histoire est un banquier véreux qui répond au nom de Blumenstein et que les Juifs n'y sont pas très sympathiques. Observez les vignettes suivantes et jugez vous-même ...
Là où le bas blesse sérieusement, c'est que ces planches sont publiées en 1941 dans un journal belge contrôlé par les Nazis. Hergé aura beau corriger la gaffe dans la nouvelle version définitive en couleur (les Juifs des 1ères planches ayant disparu et Blumenstein devenant Bohlwinkel), le mal est fait.
Doit-on en conclure qu'effectivement Georges Remi était raciste? Non car notre homme est plus complexe et paradoxal que cela. D'abord, Hergé a créé un héros qui est un grand voyageur et comme chacun sait voyage et racisme marient mal. Ensuite dans d'autres albums, Hergé eut la bonne idée de prendre la défense de certains peuples opprimés (Chinois, Indiens et Gitans). Voici des vignettes appartenant aux albums Le Lotus Bleu, Le Temple du Soleil et Les Bijoux de la Castafiore ...
Finalement Hergé en a tellement bavé qu'il va tomber dans l'autocensure systématique. Pour preuves, ces quelques vignettes de l'album Coke en Stock dans lequel Tintin et Haddock délivrent un groupe d'Africains faits prisonniers par des misérables négriers. Observez les changements introduits entre la 1ère version parue dans le journal et l'édition définitive pour l'abum. Les Africains réalisent des progrès saisissants en français et Haddock éliminent de ces jurons toutes références à la couleur noire (anthracite).
En guise de conclusion, ajoutons la meilleure preuve du "non-racisme" de Hergé, l'amitié tendre et sincère qui le lia toute sa vie à Tchang Tchong Jen. Tout aussi sincères seront les remerciements du diablogueur à tous les élèves qui ont assisté à la conférence sur Tintin du 26 avril dernier à l'EOI d'Oviedo et les félicitations aux heureux gagnants du concours Mme Carmen García et M. Javier Escudero.