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mardi 13 novembre 2018

Le fond de l'air est frais...


Il sera beaucoup question de bande dessinée dans les prochaines semaines et dans ce modeste blog avec notamment un billet sur les dessins de presse et un autre sur les meilleurs albums publiés en 2018. Ce sera le bestof de la bédé qui précédera le déjà classique et tant attendu bestof de la chanson française édition 2018. Aujourd'hui nous nous pencherons sur une grande figure de la bande dessinée française disparue en 2013, à savoir Frédéric Othon Théodore Aristidès, alias Fred tout simplement. La raison n'est autre que la publication en octobre de l'album Le fond de l'air est Fred, une sélection des meilleures planches du grand dessinateur. Outre qu'il a été pendant longtemps la moustache la plus célèbre de la planète BD, on dira plus sérieusement et sans risque de se tromper qu'il fait partie des géants de la bande dessinée hexagonale aux côtés des Goscinny, Gotlib, Uderzo, Giraud, Bretécher, etc... 


Aujourd'hui encore on mesure mal l'ampleur et la valeur de l'œuvre de Fred et ce qu'il a apporté au développement du 9ème art en France. Avec cet auteur parisien, c'est bien un style totalement nouveau de bande dessinée qui est né tant au niveau graphique qu'au niveau du texte. Les planches de Fred ne ressemblent à aucune autre, aux antipodes de la ligne claire et à l'opposé de l'école Franquin/Uderzo, son style est resté inimitable même s'il a influencé une foule d'auteurs comme Vicq, Gébé, Lob, Soro, Pruvot, Berberian. N'en faisant qu'à sa tête, le brave a toujours navigué entre un humour noir des plus grinçants et une poésie onirique et surréaliste qu'un Lewis Carroll ou un Tim Burton n'aurait pas reniée. L'œuvre du génie moustachu se décline en trois parties une production proche du dessin de presse, des petites histoires merveilleusement racontées en quelques planches (1 à 10) et les albums parmi lesquels on trouve ces chefs d'œuvre absolus que sont toute la série des Philémon. Voici quelques exemples des premiers, le diabl@gueur ayant gentiment écarté les plus cruels.















C'est sans doute dans le reste de sa production que Fred s'est montré le plus innovateur et original avec ses petites histoires où se mêlaient collages, photos, vieilles gravures et découpages audacieux à la Winsor McCay. Ça donne des petites merveilles telles que L'inventeur du ski, Un cadeau de Noël, Attention! cette page est en relief!, La révolte des machinistesJules-Émile ou encore Mais où vont-ils chercher tout ça que vous pouvez découvrir sur le lien suivant. De la même trempe furent les 15 albums des aventures de Philémon (à des années-lumière de notre piètre Filemon espagnol) dont voici quelques couvertures.







Mais ce n'est pas tout puisque, un peu comme Goscinny ou Gotlib, Fred a apporté son "petit" grain de sable au développement de la presse en fondant avec un certain Cavanna (un autre grand moustachu) et le professeur Choron, le magazine satirique Hara-Kiri qui donnera naissance plus tard au célèbre Charlie-Hebdo. On associera à jamais aussi notre ami Fred à une expression météorologique que l’on dit quand on n’a rien à dire, La fond de l'air est frais. Il aimait faire dire cette phrase à ses personnages pour combler certains grands moments de vacuité auxquels ils étaient parfois confrontés. C'est d'ailleurs le titre de l'un de ses albums et aussi le titre d'une chanson qu'il a écrite pour un autre rigolo de la pire espèce, le nommé Jacques Dutronc (et oui, Fred écrivait aussi des paroles de chansons). Voici d'ailleurs la chansonnette pour terminer en beauté et en absurde.



Le fond de l'air est frais,
Laïho, Laïho !
Il n'y a plus d'saison,
Laïho, Laïho !

Moi, sous mes pantalons,
Je porte des caleçons longs.
C'est ceux de mon tonton
Qu'a du poil au menton.

Le fond de l'air est frais,
Laïho, Laïho !
Il n'y a plus d'saison,
Laïho, Laïho !

Lorsque je vins sur terre,
Le ciel était couvert.
Dans mon berceau ouvert,
Je chantais à mon père :

Le fond de l'air est frais,
Laïho, Laïho !
Il n'y a plus d'saison,
Laïho, Laïho !

J'ai eu pour mes étrennes
Une paire de bas de laine.
C'est ceux de tante Germaine,
Une ancienne cheftaine.

Quand j'étais militaire,
J'avais un brigadier
Qui voulait me faire taire
chaque fois que je chantais :

Le fond de l'air est frais,
Laïho, Laïho !
Il n'y a plus d'saison,
Laïho, Laïho !

J'ai une grosse casquette
Qui m'tient chaud à la tête.
Ça m'donne une belle silhouette
Et j'crains plus la tempête.

Quand j'invite une jeune fille,
C'est juste pour jouer aux quilles.
Si elle se déshabille,
Alors je m'égosille :

 « Le fond de l'air est frais,
Laïho ! Laiho !
Il n'y a plus d'saison,
Laïho ! Laiho ! »


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