Ouvrons aujourd'hui une petite parenthèse musicale dans cet automne plutôt littéraire avec deux chansons que séparent près de 90 ans. En 1934, le chanteur Gaston Ouvrard publiait son plus grand succès Je n'suis pas bien portant. Le 23 juin dernier, Frédéric Fromet présentait sa version quelque peu modifiée sur France Inter. Tous les deux se sont illustrés dans la chanson comique, le premier dans le style comique troupier dont les plus dignes représentants furent Bourvil et Fernandel, le second adaptant de façon humoristique (et changeant les paroles) de grands succès de la chanson française. Avec le titre Je n'suis pas bien portant, Fromet s'attaque à une des chansons les plus difficiles à interpréter car Gaston Ouvrard était doué d'une diction tout à fait exceptionnelle. On notera que c'est le père de Gaston, Éloi Ouvrard, qui inventa à la fin du XIXème siècle le style du comique troupier que son fils eut la bonne idée de perpétuer dans les années 30. Le comique troupier fut "un genre à la mode pour des artistes masculins de café-concert qui, vêtus sur scène en uniformes militaires, interprétaient des monologues ou des chansons comiques liées à la vie de soldat" (dixit Wikipédia). Après la seconde guerre mondiale, ce genre musical disparut. Les deux versions traitent le même sujet à savoir la santé, dans la chanson originale, c'était celle d'un militaire, dans celle de Fromet, c'est celle de notre planète, la Terre. Une chanson on ne peut plus réelle et d'actualité quand on voit les événements qui ont eu lieu hier dans le sud-ouest de notre cher pays.
mercredi 30 octobre 2024
Je n'suis pas bien portant(e)
Depuis que je suis militaire
Ce n'est pas rigolo entre nous
Je suis d'une santé précaire
Et je m'fais un mauvais sang fou
J'ai beau vouloir me remonter
Je souffre de tous les côtés
J'ai la rate qui s'dilate
J'ai le foie qu'est pas droit
J'ai le ventre qui se rentre
J'ai l'pylore qui s'colore
J'ai l'gosier anémié
L'estomac bien trop bas
Et les côtes bien trop hautes
J'ai les hanches qui s'démanchent
L'épigastre qui s'encastre
L'abdomen qui s'démène
J'ai l'thorax qui s'désaxe
La poitrine qui s'débine
Les épaules qui se frôlent
J'ai les reins bien trop fins
Les boyaux bien trop gros
J'ai l'sternum qui s'dégomme
Et l'sacrum c'est tout comme
J'ai l'nombril tout en vrille
Et l'coccyx qui s'dévisse
Ah, bon Dieu, qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque
Ah, bon Dieu, qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant
Afin de guérir au plus vite
Un matin tout dernièrement
Je suis allé à la visite
Voir le major du régiment.
D'où souffrez-vous, qu'il m'a demandé
C'est bien simple que j'lui ai répliqué
J'ai la rate qui s'dilate
J'ai le foie qu'est pas droit
Et puis j'ai ajouté
Voyez-vous ce n'est pas tout
J'ai les genoux qui sont mous
J'ai l'fémur qu'est trop dur
J'ai les cuisses qui s'raidissent
Les guiboles qui flageolent
J'ai les chevilles qui s'tortillent
Les rotules qui ondulent
Les tibias raplapla
Les mollets trop épais
Les orteils pas pareils
J'ai le cœur en largeur
Les poumons tout en long
L'occiput qui chahute
J'ai les coudes qui s'dessoudent
J'ai les seins sous l'bassin
Et l'bassin qu'est pas sain
Ah, bon Dieu, qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque
Ah, bon Dieu, qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant
Avec une charmante demoiselle
J'devais me marier par amour
Mais un soir comme j'étais près d'elle
En train de lui faire la cour
Me voyant troublé, elle me dit
Qu'avez-vous?
Moi j'lui répondis
J'ai la rate qui s'dilate
J'ai le foie qu'est pas droit
J'ai le ventre qui se rentre
J'ai l'pylore qui s'colore
J'ai l'gosier, anémié
L'estomac bien trop bas
Et les côtes bien trop hautes
J'ai les hanches qui s'démanchent
L'épigastre qui s'encastre
L'abdomen qui s'démène
J'ai l'thorax qui s'désaxe
La poitrine qui s'débine
Les épaules qui se frôlent
J'ai les reins bien trop fins
Les boyaux bien trop gros
J'ai l'sternum qui s'dégomme
Et l'sacrum c'est tout comme
J'ai l'nombril tout en vrille
Et l'coccyx qui s'dévisse
Et puis j'ai ajouté
Voyez-vous, c'n'est pas tout
J'ai les genoux qui sont mous
J'ai l'fémur qu'est trop dur
J'ai les cuisses qui s'raidissent
Les guiboles qui flageolent
J'ai les chevilles qui s'tortillent
Les rotules qui ondulent
Les tibias raplapla
Les mollets trop épais
Les orteils pas pareils
J'ai le cœur en largeur
Les poumons tout en long
L'occiput qui chahute
J'ai les coudes qui s'dessoudent
J'ai les seins sous l'bassin
Et l'bassin qu'est pas sain
En plus d'ça, j'vous l'cache pas
J'ai aussi quel souci
La luette trop fluette
L'œsophage qui surnage
Les gencives qui dérivent
J'ai l'palais qu'est pas laid
Mais les dents c'est navrant
J'ai les p'tites qui s'irritent
Et les grosses qui s'déchaussent
Les canines s'ratatinent
Les molaires s'font la paire
Dans les yeux c'est pas mieux
J'ai le droit qu'est pas droit
Et le gauche qu'est bien moche
J'ai les cils qui s'défilent
Les sourcils qui s'épilent
J'ai l'menton qu'est trop long
Les artères trop pépères
J'ai le nez tout bouché
L'trou du cou qui s'découd
Et du coup, voyez-vous
J'suis gêné pour parler
C'est vexant car maintenant
J'suis forcé d'm'arrêter
Ah, bon Dieu, qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque
Ah, bon Dieu, qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant
Un véritable tour de force que d'interpréter cette chanson surtout à 80 ans et quelques mais l'ami Ouvrard était un champion de la diction. Et quelle mémoire ! Et sans prompteur, SVP ! Pour les profs de français, voilà une chanson idéale pour étudier le lexique de la santé et du corps humain. Celle de Fromet servira à travailler le thème de l'environnement. Voyez plutôt !
Depuis que l'être humain est sur terre
C'est pas rigolo entre nous
Je suis d'une santé précaire
Vous m’épuisez, je suis à bout
J'ai beau vouloir vous alerter
Je souffre de tous les côtés
J’ai l’Euphrate qui se dilate
J’ai la Seine malsaine
La nature qui sature
Le biotope qui est pas top
La biomasse à la masse
L'atmosphère délétère
Les orages qui font rage
Les tempêtes qui tempêtent
L'ouragan trop violent
Le typhon trop à fond
Le végétal est tout pâle
L'écosystème est tout blême
Les racines se débinent
Le sous-sol se désole
L'habitat est cracra
Les polluants répugnants
Les OGM de même
Les nitrates me grattent
Les poubelles s’amoncellent
L'océan dégoûtant
Les saisons tournent pas rond
Les pluies acides c'est sordide
Les méga feux, c'est pas mieux
La savane se pavane
L’effet de serre, c'est l'enfer
Le réchauffement, c'est maintenant
Aïe, aïe, aïe !
C'est tempête, j’suis de plus en plus patraque
Aïe, aïe, aïe !
C'est embêtant, lorsqu'il y a tout qui craque
Aïe, aïe, aïe !
C'est embêtant, je ne suis pas bien portante
Aïe, aïe, aïe !
C'est embêtant, je n'ai pas de remplaçante
Pour tâcher de guérir au plus vite
À supposer que je sois pas fichue
Je suis allé rendre visite
Au ministre Christophe Béchu
Je lui ai dit, pauvre bichette
Pardon de perturber votre sieste
J'ai le climat qui va pas
Le glacier liquéfié
J'ai la Loire pataugeoire
La Garonne qui déconne
J'ai le désert qui prospère
Je suis à sec, dit le GIEC
L'Amazone, c'est la zone
Comme le Nil en péril
J'ai les fleurs qui se meurent
Le corail qui défaille
Les abeilles, c'est pareil
La forêt disparaît
L'animal va très mal
L'ours polaire galère
La baleine perd haleine
(Moi aussi c'est pas fini)
L'hippocampe décampe
L’éléphant est mourant
Le pingouin va pas bien
Le panda raplapla
Le papillon moribond
Les oiseaux même topo
Les tortues bientôt plus
Les coccinelles se font la belle
Les reptiles se défilent
Les poissons où qui sont ?
Aïe, aïe, aïe !
C'est embêtant, voilà que je tombe en syncope
Aïe, aïe, aïe !
Heureusement, on organise des COP
Aïe, aïe, aïe !
C'est embêtant, la destruction humaine
Aïe, aïe, aïe !
Heureusement make planète great again !
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