Les meilleurs CD de 2011

(Une sélection aussi discutable que la précédente)

Deuxième volet de la rétrospective des disques français ou francophones qui ont marqué le diabloguer tout au long de l'année 2011. Cliquez sur la pochette pour visionner un clip et sur le mot spotify ou site pour écouter l'album en entier. Pour s'inscrire à spotify, cliquez ici.

Stefie Shock  "La mécanique de l'amour"

Ne vous laissez pas tromper par la pochette et le nom qui y figure, Stefie Shock est un homme, je dirais même plus, un homme-orchestre puisqu'il a écrit, composé, enregistré et produit ce disque tout seul à la maison comme un grand. Ancien DJ coté dans le Montréal nocture des années 90, il quitte en 2000 les temples du déhanchement et entreprend sa carrière de chanteur devenant rapidement une des coqueluches de la scène pop québécoise. Laissez-vous entraîner par les 10 chansons accrocheuses de ce 4ème album de M. Shock. Écoutez l'album sur Spotify.

Fatals Picards  "Coming out"

Deux après leur dernier album, les Fatals Picards se retrouvent de nouveau à la 24ème place de cette sélection grâce à ce Coming out, leur 6ème album studio. Des Fatals qui se définissaient jadis comme un groupe de "punk pour les nuls" ou "de rock indé-débile, c'est dire si ces joyeux Parisiens (il n'y a plus de Picards dans le groupe depuis le départ d'Ivan Callot) aiment railler tout ce qui bouge (eux-mêmes aussi). Coming out ne déroge pas à cette règle de la déconnade et passe à la moulinette en vrac Yannick Noah, l'homosexualité, Miss France, les téléthons, Sarkozy, l'écologie, les bobos, etc...) tout au long de 13 chansons plus pop et survitaminées que jamais. Écoutez l'album sur Spotify.

Lisa Portelli  "Le régal"

Ce petit bout de femme qui ressemble à s'y méprendre à Vanessa Paradis (y compris la voix) et qui a déjà 10 ans de vie artistique derrière elle malgré ses 24 ans, nous popose son 2ème album qui devrait être celui de la reconnaissance. La jeune interprète francilienne dont les phares musicaux sont Dominique A et PJ Harvey nous invite à savourer ce disque séduisant aux multiples parfums qui reste longtemps en tête et en bouche. Un vrai petit ... régal! Écoutez l'album sur Spotify.

 

Thomas Dutronc  "Silence on tourne..."

Difficile de ne pas s'attirer les foudres des envieux quand on a pour parents Françoise Hardy et Jacque Dutronc, qu'on décide de devenir chanteur et qu'on fait un carton avec un 1er album et une tournée triomphale (600.000 disques vendus et plus de 600 concerts). Avoir en plus un joli minois comme Thomas n'arrange pas les choses. C'est dire si on l'attendait au tournant pour le périlleux examen qu'est toujours le 2ème album. Examen réussi pour ce jeune guitariste (fils spirituel de Django Rheinardt) qui chante de mieux en mieux et qui n'a pas abandonné le style jazz manouche de son 1er opus même si ces nouvelles chansons le rapprochent un peu plus du style nonchalant, ironique et malicieux de son progéniteur de père. Écoutez l'album sur Spotify.

La Ruda  "Odéon 10/14"

Les groupes de ska-rock-salsa ont toujours été légion en France avec en tête les énormes Mano Negra de Manu Chao. Des cendres de feu Mano Negra naquit en 1994 La ruda Salska qui s'est érigée depuis comme le groupe référence du ska français. Devenus La Ruda (tout court), ces huit Angevins renouent avec leurs racines après deux albums acoustiques assez sombres et nous livrent leur 8ème album studio qui sera malheureusement leur chant du cygne puisqu'ils viennent d'annoncer leur dissolution en 2012. Il ne nous reste plus qu'à écouter cet énergique Odèon 10/14 qui plaira aux amateurs de ska. Écoutez l'album sur Spotify.

 

 Têtes Raides  "L'an demain"

Figures incontournables de la scène alternative française, les Têtes Raides publient leur 11ème album dont le titre laisse présager un nouvel élan après vingt ans de carrière. Malgré l'arrivée d'une nouvelle formation rythmique, le groupe n'a pas changé d'un pouce la formule qui a fait leur succès: des textes poétiques et réalistes évoquant Brel ou Brassens sur des musiques au carrefour du rock, du ska et du bal musette. À noter aussi le beau duo Emma avec la grande Jeanne Moreau dans ce L'an demain qui chante. Écoutez l'album sur le site du groupe.

Bénabar  "Les bénéfices du doute"

Est-ce la pression du succès ou de la presse pas très gentille, toujours est-il que ce dernier bébé de Bénabar est  moins bon que les précédents  malgré le tube Politiquement correct qui ouvre ce 6ème album où les fanfares et les cuivres des débuts ont laissé la place au banjo et à l'harmonica. Du changement aussi dans le ton et les textes, exit l'humour, le second degré et la tendresse pour en venir à des chansons plus terre à terre et moins subtiles. C'est un Bénabar plus contestataire et qui "nous emmerde" (textuel dans le hit cité plus haut) que nous retrouvons comme s'il avait décidé de remplacer Renaud au pied levé. Malheureusement n'est pas Renaud qui veut! Malgré tout, l'ensemble du disque tient bien la route et se situe toujours bien au-dessus de la moyenne. Écoutez l'album sur Spotify.

Jean-Louis Murat  "Grand lièvre"

Ce grand habituel de mes sélections (11ème en 2008 et 4ème en 2009) est sans doute l'auteur le plus prolifique et régulier de la scène française. Sur le point de fêter 30 ans de carrière, il nous livre son 20ème album moins réussi que le précédent moins country aussi et plus proche de son Auvergne natale. Tout au long des dix chansons du disque, on retrouve les thèmes chers au Murat des débuts (la nature, le doute, l’amour, la solitude, la guerre), nimbés de mélodies tournoyantes et surprenantes. À noter également la chanson Le champion espagnol, dédiée au cycliste Federico Bahamontes. Écoutez l'album sur Spotify.

 

Katerine, Francis et ses peintres 

 "52 reprises dans l'espace"

Il y un an Philippe Katerine se classait 1er dans ma sélection avec un album aussi poilant que cinglé. À la même époque, le même énergumène (qui n'est pas à une idée farfelue près) se lançait dans une aventure aussi extravagante: publier chaque semaine et pendant un an sur Internet  une reprise d'un tube plus ou moins ringard de la chanson française. Ainsi  de Brassens à la Compagnie Créole ou de Chantal Goya à NTM, 52 morceaux d'interprètes les plus divers passent à la casserole musicale de Katerine. Pour cette folle équipée, Katerine a pris sous son aile le jazzman François Ripoche et son groupe et le résultat est ce triple CD où le quintette infernal martyrise avec une perversité certaine le patrimoine français. Vous serez pliés en quatre ou horripilés par les 52 perles du trublion nantais qui aura (au moins) le mérite de vous faire connaître de nouvelles (anciennes) vedettes.  Écoutez les 52 titres sur le site 52 reprises dans l'espace (cliquez sur les étoiles) ou sur Spotify.

 

Arthur H  "Baba love"

Encore un fils de...quelqu'un. Jacques Higelin peut être fier de son petit Arthur devenu grand (artiste) et qui avait déjà cette voix grave et rocailleuse à 24 ans quand débuta sa carrière. 21 ans et 14 albums plus tard, le troubadour continue de construire son univers musical singulier empreint d’humour et de poésie (surréaliste). Dans ce Baba Love, il nous livre une ode à l’amour en 12 titres où les mots cinglent comme des coups de fouet et où la musique se montre plus groove et swing que d’habitude. À noter deux beaux duos avec le chanteur américain Saul Williams et l’acteur Jean-Louis Trintignant. Écoutez l'album sur Spotify.

Louis Bertignac  "Grizzly"

Pour tous les fans de rock qui attendent une hypothétique reformation du grand groupe français des années 80, Téléphone, les albums solo des deux leaders du groupe disparu, Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac, sont chaque fois de bonnes raisons de garder espoir et d’assouvir leur faim. Il a fallu attendre cinq longues années pour retrouver le guitariste de feu Téléphone qui, après son aventure (musicale) auprès de Carla Bruni, revient à ses premières amours le rock musclé à la Led Zeppelin ou à la Hendrix. L’ours Bertignac ressort donc ses (g)riff(re)s acéré(e)s et on ne s’en plaindra pas même si l’ours redevient parfois ourson le temps de quelques ballades bien léchées (Mouettes et rhinos, Bloody Mary Tabasco, Les filles comme toi). Écoutez l'album sur Spotify.

 

Benjamin Biolay  "Pourquoi tu pleures?"

Impossible qu'il ne ressorte pas dans le classement de chaque année, que ce soit comme interprète, auteur-compositeur ou producteur, nous retrouvons encore et cette fois l'omniprésent (omnipotent?) Benjamin comme compositeur de la bande originale du film de Katia Lewkovicz Pourquoi tu pleures? dans lequel il joue (décidément!) le rôle principal, un futur mari hésitant. Un dernier opus qui n’a pas la consistance ni l’ampleur du très encensé La Superbe (son album précédent) et qui paraît plus une parenthèse dans la carrière de M. Biolay, confirmée par un bestof publié en novembre. Malgré les reprises et les instrumentaux, les fans trouveront de nouvelles chansons flamboyantes et variées à la hauteur de cet auteur qui ne s'endort jamais sur son clavier. Écoutez l'album sur Spotify.

Mademoielle K  "Jouer dehors"

Derrière cette demoiselle androgyne et effrontée se cache un des grands nouveaux talents de la scène rock française. Katerine Gierak qui rappelle furieusement la Chrissie Hynde des Pretenders et qui est aussi à la tête d'un quartette énergique et électrique confirme avec ce 3ème album tout le bien que l'on pensait d'elle. Cette Parisienne de 31 ans avait déjà démontré par la passé ce qu'elle était capable de faire sur une scène armée d'une guitare, elle nous prouve ici que sa plume de songwriter est tout aussi affûtée. On ne s'en plaindra pas! Écoutez l'album sur Spotify.

Daniel Darc  "La taille de mon âme"

Revoici le chanteur d'un des groupes oubliés (Taxi Girl, voir l'article du 11 août 2011) de notre été diablogueur qui après un long séjour dans les profondeurs de l'enfer (excès en tous genres, overdoses multiples, prison ...) renaquit de ses cendres au milieu des années 2000 pour nous livrer une série d'albums tourmentés et intenses. Le dernier en date, La taille de mon âme, est sans doute le plus acéré de tous. Darc le ténébreux, l'écorché vif, y pose sa voix susurrante et troublante qui devrait émouvoir et bousculer les plus hermétiques d'entre nous et qui a parfois des accents gainsbouriens. Mention spéciale pour le titre éponyme, une longue suite poétique sur fond d'extraits du film Les enfants du paradis (un classique intemporel). Écoutez l'album sur Spotify.

Alain Bashung  "L'homme à tête de chou"

Décédé en 2009, Alain Bashung a ressuscité (dans les bacs) à deux reprises en 2011, d'abord en avril, grâce à Tels Alain Bashung, un album hommage où la fine fleur de la scène française reprenait 12 titres du chanteur disparu (les Anglais appellent ça un "Tribute") et puis en novembre avec L'Homme à la tête de chou, où Bahung se livre au même exercice (périlleux) s'attaquant à un album tout entier de Gainsbourg et pas des moindres. 35 ans après sa parution initiale, l'album concept de Gainsbourg ne semble pas avoir pris une ride et donne presque l’impression d’avoir été fait sur mesure pour Bashung qui aurait assurément raflé la 1ère place de ce classement si son album eût été original. Reste à savoir si le disciple aura dépassé le maître, là où ils sont, les deux artistes ont tout le loisir d'en discuter (nous ici-bas aussi). Écoutez l'album sur Spotify.

La semaine prochaine les 10 premiers du classement et en attendant laissez un petit message avec vos préférés ou ceux que vous n'aimez pas du tout!