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mercredi 5 décembre 2018

Les BD françaises de 2018


Troisième billet consécutif consacré à la bande dessinée pour jeter un coup d'oeil sur les meilleures publications de l'année comme ce sera aussi le cas prochainement pour le cinéma et la musique. Décembre vient d'arriver et aussi le moment des récapitulations. Pour commencer, on annoncera avec satisfaction que le secteur de la BD se porte bien, en perpétuelle croissance depuis une dizaine d'années. Celle-ci occupe même la 3ème position en terme de ventes seulement dépassée par la littérature générale et les livres pour la jeunesse (14% des livres vendus en France sont des bédés). Côté sorties, c'est aussi la fête avec plus de 3000 nouveautés en 2018 dont pas mal de productions françaises. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et bien non, puisque les auteurs ne profitent pas de ce succès. Leur niveau de vie s'étant considérablement dégradé, beaucoup (53%) doivent survivre avec moins que le SMIC. Mais nous ne sommes pas là pour nous apitoyer sur le sort des auteurs de BD, on ne peut pas faire grand chose pour eux à part acheter leurs albums. Voyons donc quelles bonnes surprises ils nous ont préparées cette année. En tête des ventes, on découvrira quelques gros cadors du 9ème art comme Lucky Luke, Les vieux fourneaux, L'arabe du futur, Les passagers du vent, ... et puis d'autres publications plus confidentielles mais tout aussi intéressantes. Vous pourrez faire votre choix. Jadis il était bien difficile de se procurer ces albums depuis notre Espagne chérie, aujourd'hui grâce au développement du commerce en ligne, c'est un jeu d'enfants. Alors ne gâchons pas notre plaisir ! Cliquez sur les couvertures pour voir une planche de chaque bédé.



La nouvelle production du duo Brugeas/Toulhoat était attendue après le succès de leurs précédentes œuvres. Inutile de ménager le suspense: c’est une réussite. Dans ce premier tome, le lecteur découvrira un autre très plaisant thriller médiéval.


Les vieux ont le vent en poupe en ce moment, dans la BD : cet ouvrage ne déroge pas à la règle, avec sa mémé aveugle qui décoiffe et fait tourner en bourrique le maire local. C'est drôle, joliment dessiné et mérite le détour...


Pierre Alary adapte le roman d'inspiration autobiographique du journaliste plusieurs fois primé, Sorj Chalandon. Ancré dans la dure réalité du conflit irlandais, l'intrigue relate l'expérience d'Antoine, violoniste naïf et passionné, qui tombe en fascination pour un homme dont la personnalité concentre tout ce qu'il respecte et admire. 


Comme Louis XIV, Anacréon aime passionnément le métier de roi, et comme le roi Soleil, il n'envisage le pouvoir que comme absolu. L'âge et la fatigue venant, il songe à sa succession. Il rêve de voir son fils devenir le nouveau roi de Thunes, mais face à une police qui gagne en efficacité et en intégrité, la canaille doit se professionnaliser. Une fresque bien dessinée par Julien Maffre.


Troisième volet des Contes du Marylène (après La Geste d’Aglaé et Cixtite Impératrice), Boris l'enfant patate livre une critique amère de notre société de consommation et des dérives de celle-ci.



Troisième tome de la fabuleuse adaptation en BD du livre de David Simon qui inspira la formidable série The Wire. Comme dans les deux tomes précédents, de vieux flics torturés et grincheux enquêtent dans un Baltimore plus sombre que jamais, le tout sur des planches travaillées avec finesse et belles couleurs (sépia, bleu, gris et rouge). Superbe!


L'Enfer existe toujours sur Terre. Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas qu'une de ses succursales se situe à Guantanamo. Franc Alexandre met son style naïf au service de ce récit brutal et sans concession écrit par un Jérôme Tubiana en grande forme.


Entraînant le lecteur dans un scénario au long cours où le fil des événements tisse méticuleusement la toile de l’Histoire, Florida s’avère à la fois didactique et plaisant. Il confirme l’existence de nouvelles voies pour les auteurs qui savent les explorer.


Réflexion sur le sens de la vie au travers de celle des autres, Je vais rester semble vraiment  un album tout en douceur et en mélancolie; peut-être celle d’être passé à côté de son existence et de s’en accommoder.


Bijou à lire pour les ados (grands) et les parents. Le talentueux Joan Sfar se lance dans une série ambitieuse qui va parler aux ados (et à leur mal être), avec leurs codes. De l'autodérision et une analyse assez fine pimentée d'un humour sont les ingrédients de cet album réjouissant (mais dark). 


Pionnière de la chanson réaliste et figure incontournable de la Belle Époque et des Années folles, Fréhel a marqué de son empreinte la scène musicale française. Dans ce roman graphique, Johann Louis redonne vie à cette artiste entière et passionnée qui brûla sa vie, se consumant dans l'amour, la fête, l'alcool. 


Au-delà de l'histoire de princesse, se greffe une subtile chronique familiale faite de jalousies et de bassesses, ainsi que le décryptage d'une situation politique complexe en quelques cases. Le duo Nury-Bonhomme s'accorde à merveille pour magnifier cette tragédie oubliée et méconnue.


Premier album on ne peut plus sympathique, Voyage en République de Crabe entraîne le lecteur dans une expédition quasiment ethnologique. Avec comme excuse la livraison échue à son héroïne, Tarmasz a créé une nation de A à Z. Une réussite complète. 


Entre exploitation et parodie, Il faut flinguer Ramirez ne fait pas dans le détail et distribue sans discuter pruneaux et mandales à qui mieux-mieux. Nicolas Petrimaux rend hommage aux films d’action des années quatre-vingts à la manière de Quentin Tarantino.


Des personnages complexes, une reconstitution convaincante du Paris des années 1970 et un polar très agréable. Les ouvrages de Max Cabanes valent toujours le détour. 


Ce premier pan du Temps des cerises est à la hauteur de l’œuvre exigeante composée par Bourgeon. Le charme opère dès la première case et emporte le lecteur dans un mélange délicat de culture, d’intelligence et de sensibilité. L’attente a été longue depuis La petite fille Bois-Caïman (2009 et 2010) mais elle est pleinement justifiée.


Pour sa 80ème aventure, le héros créé en 1947 par Morris, quitte pour la première fois le continent américain. Le pas méritait d’être franchi, avec une destination évidente: Paris. Jul et Achdé reprennent donc leur collaboration après le réussi La Terre promise


Véritable roman médiéval, L’Âge d’or plonge le lecteur dans un XVe siècle concret et réaliste. Palpitant sur le fond, percutant dans la manière, Moreil et Pedrosa réalisent un véritable chef-d’œuvre avec ce premier tome. Vivement la suite !


Dans ce bel album, Thomas Gilbert reprend le déroulement des événements qui ont conduit au tristement célèbre procès des Sorcières de Salem dans le Massachusetts en 1692. Narré par une des jeunes victimes, la tension monte crescendo, jusqu’à atteindre son paroxysme.


Sur 130 pages, Francine R. nous fait revivre son quotidien de résistante et déportée. Ce témoignage rare et fort est mis en lumière par un dessin tout en finesse. Le dessinateur Boris Golzio signe ici une œuvre purement magistrale. Un ouvrage indispensable que l’on espère retrouver très vite dans les collèges et lycées de France pour mieux éclairer le programme d’histoire contemporaine. 


Clémence a 10 ans et vit à Charnay-lès-Mâcon. Elle doit présenter un exposé à sa classe, mais n’a aucune idée de ce dont elle peut parler. En passant devant le monument aux morts, elle remarque son nom de famille. Elle a donc un ancêtre qui est mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Le voilà son sujet d’exposé ! En cherchant dans le grenier de ses grands-parents, mais aussi dans les archives départementales, Clémence va faire connaissance avec son aïeul et découvrir une autre histoire de la Grande Guerre.


Ce quatrième tome du succès mondial L'Arabe du futur, exceptionnel par son format (288 pages) et par ce qu'il révèle (le coup d'État de son père), est le point d'orgue de la série.


Chloé Cruchaudet a repris à son compte la croisade des enfants de 1212 pour nourrir La croisade des innocents. Malgré un scénario un peu fluctuant sur la longueur, l'auteure réalise un ouvrage d’une sensibilité remarquable finement mis en scène.


Le bien trop rare Olivier Pont propose un album en liberté entre jeu formel et écriture automatique. Comme son titre l’indique, l’intrigue de Bouts d’ficelles n’est pas des plus exigeantes. Par contre, la manière est remarquable.


Cinquième opus de cette saga d’octogénaires qui, après la postérité cinématographique acquise avec plus d’un million d’entrées, gravissent les dernières marches du pinacle du 9e Art, du moins de la section humour et troisième âge, forts d'un nombre à peu près équivalent d'albums déjà écoulés et pas que dans les maisons de retraite…



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