Youpi, c’est presque fini, enfin, on espère! En tous cas, nous voilà en phase 2 du déconfinement et la vie commence à avoir un parfum de normalité qui n'est pas fait pour nous déplaire. Bientôt ce sera l'heure des hommages aux victimes, aux infirmières, aux médecins, aux routiers, aux caissières de supermarché, etc. Il ne faudra pas oublier alors tout ceux et toutes celles qui nous ont permis de garder le sourire ou carrément de nous fendre la poire pendant ce dur confinement. S'il y aura moins de traumatisés et de déprimés après cette crise que l'on n'aurait pu espérer, ce sera en partie grâce à ces rigolos amateurs ou professionnels qui n'ont pas arrêté leur cirque depuis mars dernier. Un exemple entre mille, Mathieu Lindon, écrivain et journaliste dans le quotidien Libération. Vous connaissez sans doute mieux son cousin germain et comédien de profession Vincent Lindon, pourtant bien moins marrant que le Mathieu qui nous occupe aujourd'hui. Ce dernier propose chaque weekend (ou presque) une chronique mordante et tordante intitulée Si j'ai bien compris... où il donne sa vision particulière de l'actualité. Une fois n'est pas coutume, le diabl@gueur vous propose son dernier billet en date et en entier intitulé Métro, boulot, corono.
"Si j’ai bien compris, on commence à déguster le déconfinement et il a un drôle de goût. On a l’impression d’avoir le pain sans le chocolat. En tout cas : ni le beurre ni l’argent du beurre. Avant le confinement, on rentrait chez soi avec plaisir. Maintenant, chaque retour a un petit goût de confinement réchauffé. Sans compter les menaces de reconfinement. On se retrouve le cul entre deux vagues. On espérait qu’après la disette de relations sociales, on allait s’en payer une bonne tranche. Bernique, c’est plutôt une bonne tronche. Et certains s’étonnent qu’il y ait une forte odeur de soufre dans l’air à Paris. C’est que, à ce rythme-là, les premiers de corvées vont finir par péter les plombs. Un mois de corona, ça use, ça use, un mois de corona, ça use les soutiers. Deux mois de corona, ça use, ça use… Qui n’aurait besoin d’un petit moment de douceur dans un monde de coronavirus ? Au lieu de ça, il faut redoubler de distanciation sociale. Bientôt, la télé regorgera de publicités pour les chewing-gums qui donnent mauvaise haleine, les pommades qui rendent la peau sèche et de nouveaux accessoires originaux, telles de fausses griffes à se greffer sur les mains pour décourager tout contact. Et puis il y a ceux qui s’étaient habitués à la vie chez soi et ne sont plus prêts à faire le moindre effort. On les rencontre au coin d’une rue, hirsutes, dépenaillés, mal rasés, pas lavés, des poils plein le nez et les oreilles, avec leur jogging troué et leur tee-shirt taché, en parfaite tenue de commandos du Covid-19 mal déconfinés. De son côté, le gouvernement a soudain montré sa prévoyance en imposant une «attestation de déplacement professionnel en transport public collectif» aux heures de pointe - pour couper court à l’irresponsable ambition de la population de se précipiter dès sept heures du matin dans le métro et le RER pour jouir du confort des rames, des délices de la proximité et de la splendeur des souterrains. Il a dû craindre que, quoique les boîtes de nuit demeurent fermées, les véhicules de la RATP et de la SNCF n’abritent des afters par milliers si on n’y mettait pas bon ordre par avance. L’éventualité que de vraies fêtes aient lieu (mais ailleurs) n’est pas à exclure. Les jeunes, plus énergiques et dotés d’une plus grande résistance que leurs aînés au Covid-19 même quand ce n’est pas en fumant que de la nicotine qu’ils se protègent, pourraient avoir envie de faire quelques fiestas d’un soir avant de passer leur vie à payer la dette qu’on leur augmente chaque jour. Il faudra alors compter sur le fameux civisme de leurs voisins pour dénoncer patriotiquement tout rassemblement excessif.On est passé de la guerre active contre le coronavirus à la guerre froide, hélas sans rideau de fer mais avec l’espoir que l’ennemi ressente les températures de l’été comme une guerre trop chaude pour lui. Pour les véritables marcheurs (pas ceux de LREM) qui évitent les transports en commun ou sont forcés de le faire, la situation est un peu comparable à celle qui a prévalu pendant la grève contre la réforme (désormais dans les limbes) des retraites, puis juste après : le sentiment que le résultat n’est pas à la hauteur des sacrifices consentis. Pour le coup, on serait satisfait si le gouvernement était capable de nous concocter un vrai 49-3 sanitaire contre le Covid-19. Mais, si j’ai bien compris, l’état des choses est tel qu’Emmanuel Macron découvrirait à lui tout seul un vaccin hyper-efficace dans la semaine que ça ne suffirait plus à le rendre populaire."
Et toc! Vous pourrez retrouver Mathieu Lindon avec d'autres de ses chroniques sur les liens suivants. Toutes sont du même tonneau et ont été publiées durant le confinement. Cliquez sur les titres ci-dessous et payez.vous un bonne tranche gratos.
A vos masques, prêts, sortez
Les petits vernis du virus
En résilience surveillée
Debout, les terrés de la Terre
Cent ans de confinitude
Home exasperating home
Gloire aux planqués
Tu te lèves et tu te casses, corona
Aaatchoum et pas de panique
Mais l'ami Mathieu est aussi écrivain et sa bibliographie compte une vingtaine de livres parus aux éditions P.O.L. Un coup d'oeil sur les titres de ses bouquins laissent à penser qu'il ne fait pas non plus dans la dentelle dans sa facette littéraire: L'Homme qui vomit, Les Apeurés, Le Procès de Jean-Marie Le Pen, Lâcheté d'Air France, Ma catastrophe adorée, Ceux qui tiennent debout, Une vie pornographique. Certains de ses ouvrages lui valurent des prix littéraires (Ce qu'aimer veut dire, Une vie pornographique) mais aussi des ennuis avec la censure voire la justice (Prince et Léonardours, Le Procès de Jean-Marie Le Pen). Voilà peut-être un écrivain à découvrir et on pourrait commencer par son plus grand succès Ce qu'aimer veut dire ou son dernier roman en date paru en janvier dernier, Moi, qui que je sois. Et sinon, il nous restera toujours ses chroniques. Si j'ai bien compris...
"Si j’ai bien compris, on commence à déguster le déconfinement et il a un drôle de goût. On a l’impression d’avoir le pain sans le chocolat. En tout cas : ni le beurre ni l’argent du beurre. Avant le confinement, on rentrait chez soi avec plaisir. Maintenant, chaque retour a un petit goût de confinement réchauffé. Sans compter les menaces de reconfinement. On se retrouve le cul entre deux vagues. On espérait qu’après la disette de relations sociales, on allait s’en payer une bonne tranche. Bernique, c’est plutôt une bonne tronche. Et certains s’étonnent qu’il y ait une forte odeur de soufre dans l’air à Paris. C’est que, à ce rythme-là, les premiers de corvées vont finir par péter les plombs. Un mois de corona, ça use, ça use, un mois de corona, ça use les soutiers. Deux mois de corona, ça use, ça use… Qui n’aurait besoin d’un petit moment de douceur dans un monde de coronavirus ? Au lieu de ça, il faut redoubler de distanciation sociale. Bientôt, la télé regorgera de publicités pour les chewing-gums qui donnent mauvaise haleine, les pommades qui rendent la peau sèche et de nouveaux accessoires originaux, telles de fausses griffes à se greffer sur les mains pour décourager tout contact. Et puis il y a ceux qui s’étaient habitués à la vie chez soi et ne sont plus prêts à faire le moindre effort. On les rencontre au coin d’une rue, hirsutes, dépenaillés, mal rasés, pas lavés, des poils plein le nez et les oreilles, avec leur jogging troué et leur tee-shirt taché, en parfaite tenue de commandos du Covid-19 mal déconfinés. De son côté, le gouvernement a soudain montré sa prévoyance en imposant une «attestation de déplacement professionnel en transport public collectif» aux heures de pointe - pour couper court à l’irresponsable ambition de la population de se précipiter dès sept heures du matin dans le métro et le RER pour jouir du confort des rames, des délices de la proximité et de la splendeur des souterrains. Il a dû craindre que, quoique les boîtes de nuit demeurent fermées, les véhicules de la RATP et de la SNCF n’abritent des afters par milliers si on n’y mettait pas bon ordre par avance. L’éventualité que de vraies fêtes aient lieu (mais ailleurs) n’est pas à exclure. Les jeunes, plus énergiques et dotés d’une plus grande résistance que leurs aînés au Covid-19 même quand ce n’est pas en fumant que de la nicotine qu’ils se protègent, pourraient avoir envie de faire quelques fiestas d’un soir avant de passer leur vie à payer la dette qu’on leur augmente chaque jour. Il faudra alors compter sur le fameux civisme de leurs voisins pour dénoncer patriotiquement tout rassemblement excessif.On est passé de la guerre active contre le coronavirus à la guerre froide, hélas sans rideau de fer mais avec l’espoir que l’ennemi ressente les températures de l’été comme une guerre trop chaude pour lui. Pour les véritables marcheurs (pas ceux de LREM) qui évitent les transports en commun ou sont forcés de le faire, la situation est un peu comparable à celle qui a prévalu pendant la grève contre la réforme (désormais dans les limbes) des retraites, puis juste après : le sentiment que le résultat n’est pas à la hauteur des sacrifices consentis. Pour le coup, on serait satisfait si le gouvernement était capable de nous concocter un vrai 49-3 sanitaire contre le Covid-19. Mais, si j’ai bien compris, l’état des choses est tel qu’Emmanuel Macron découvrirait à lui tout seul un vaccin hyper-efficace dans la semaine que ça ne suffirait plus à le rendre populaire."
Et toc! Vous pourrez retrouver Mathieu Lindon avec d'autres de ses chroniques sur les liens suivants. Toutes sont du même tonneau et ont été publiées durant le confinement. Cliquez sur les titres ci-dessous et payez.vous un bonne tranche gratos.
A vos masques, prêts, sortez
Les petits vernis du virus
En résilience surveillée
Debout, les terrés de la Terre
Cent ans de confinitude
Home exasperating home
Gloire aux planqués
Tu te lèves et tu te casses, corona
Aaatchoum et pas de panique
Mais l'ami Mathieu est aussi écrivain et sa bibliographie compte une vingtaine de livres parus aux éditions P.O.L. Un coup d'oeil sur les titres de ses bouquins laissent à penser qu'il ne fait pas non plus dans la dentelle dans sa facette littéraire: L'Homme qui vomit, Les Apeurés, Le Procès de Jean-Marie Le Pen, Lâcheté d'Air France, Ma catastrophe adorée, Ceux qui tiennent debout, Une vie pornographique. Certains de ses ouvrages lui valurent des prix littéraires (Ce qu'aimer veut dire, Une vie pornographique) mais aussi des ennuis avec la censure voire la justice (Prince et Léonardours, Le Procès de Jean-Marie Le Pen). Voilà peut-être un écrivain à découvrir et on pourrait commencer par son plus grand succès Ce qu'aimer veut dire ou son dernier roman en date paru en janvier dernier, Moi, qui que je sois. Et sinon, il nous restera toujours ses chroniques. Si j'ai bien compris...
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