Les meilleurs CD de 2022 (fin)

Dernier chapitre du Bestof d'une année qui s'éloigne petit à petit sans que l'on ne s'arrête pour autant d'écouter les bons disques que 2022 aura apportés. Parmi les dix finalistes, on retrouvera quelques cadors de la chanson française, habitués aux éloges de la critique et habituels des sommets des tops comme celui du diabl@gueur. Pour accompagner ces six grosses pointures de la scène, quatre interprètes féminines ont pointé le bout de leur nez dans la ligne droite finale et sont parvenues à tenir la dragée haute à ces messieurs. En tous cas, ces dix finalistes auront récolté de bonnes critiques dans les sites que le diabl@gueur consulte habituellement et auront aussi résonné avec insistance dans les oreilles de votre serviteur. À propos et pour revenir à l'année 2022, on aura un souvenir pour quelques artistes disparu(e) comme, par exemple, Dani, Régine ou les trop jeunes Luv Resval et Karim Ouellet. Pour terminer, on se penchera brièvement sur d'autres artistes français ou francophones qui n'ont pas connu le bonheur du top principalement parce que leurs albums n'étaient pas chantés (majoritairement) en français. Laissez un commentaire si vous avez eu la curiosité et la patience d'écouter les 53 artistes classés. Et maintenant place aux  heureux finalistes...

Redcar  "Les adorables étoiles"

Trois albums et trois noms différents (Christine & the Queens, Chris et à présent Redcar), on a l'impression qu'Héloïse Adélaïde Letissier joue à cache-cache avec son public. Ce qui n'a pas changé par contre, c'est le style qui a fait la marque de fabrique de la Nantaise même si ce dernier opus se révèle un poil inégal et plutôt déroutant. Il reste quand même et encore ces synthétiseurs toujours présents rappelant les années 80 et ce groove imparable dans la majorité des 13 morceaux avec une approche rock aussi inattendue que bienvenue. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + cinq autres (1, 2, 3, 4 et 5).

Stromae  "Multitude"

On l'attendait depuis 10 ans ce 3ème album de Stromae, du coup, celui-ci n'a pas tout à fait été à la hauteur de nos espérances. Moins génial sans doute que Racine carrée (4 millions d’exemplaires vendus et 3ème dans le top en 2013), ce nouvel opus du "Maestro" se révèle pourtant brillant mais aussi quelque peu dépressif (la maladie qui l’a éloigné du monde plane tout au long des textes). Multitude aborde aussi des thèmes d'aujourd'hui, sociétaux et sensibles et s'ouvre tous azimuts parcourant toutes les musiques du monde (cornemuses d’Écosse, erhu, violon chinois, chœurs bulgares, clavecin et percussions traditionnelles). En tous cas, heureux retour d'un artiste que l'on croyait perdu pour la cause. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6).

Adé  "Et alors ?"

Premier album solo pour cette ancienne membre du groupe Thérapie Taxi et véritable coup de cœur pour le diabl@gueur. Adé (de son vrai nom Adélaïde Chabannes de Balsac) est partie se ressourcer aux States après la séparation du groupe et est revenue avec un bien bel album sous le bras qui n'a pas reçu une pluie d'éloges de la critique mais que l'auteur de ces mots a adoré. La pochette de ce Et alors ?, enregistré à Nashville, pourrait faire croire à un disque de country à l'américaine, c'est en partie vrai mais viennent s'ajouter d'autres styles (pop, folk, chanson française) venant parfaire un merveilleux coup d'essai. Un coup de maître, on serait tenté de dire. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + cinq autres (1, 2, 3, 4 et 5).  

 

Benjamin Biolay  "Saint-Clair"

C'est bien lui LE cador de la chanson française, aussi prolifique que talentueux et incapable - semble-t-il - de faire une album moyen ou médiocre. Pour son 10ème album et sa 7ème apparition dans le top, le Parisien continue dans la lignée du précédent Grand Prix (classé 2ème en 2020) avec un opus portant le nom du quartier de Sète où il réside. On sera peut-être un peu déçu, ce Saint-Clair semblant trop un simple prolongement du disque précédent et reprenant à l’identique certaines clés de son efficacité, mais aussi quelques facilités. Pourtant parmi les 17 titres proposés par Biolay, on dénichera facilement une bonne dizaine de belles pépites qu'il serait dommage de rater. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6). 

 

Fishbach  "Avec les yeux" 

Pas encore cador l'Ardennaise mais assurément sur la bonne voie et passant avec mention le difficile examen du 2ème album. Son premier opus À ta merci (classé 7ème en 2017) nous avait fait découvrir un talent peu commun pour mélanger les genres. Fishbach confirme son goût marqué pour l'éclectisme entre variété, hard-rock, new wave, disco ou pop française. Par miracle, cet ensemble disparate fonctionne à merveille et passe comme une lettre à la poste, nous rappelant tantôt Desireless, tantôt The Scorpions, Simple Minds ou Les Rita Mitsouko. Fishbach serait-elle une vraie magicienne ? Écoutez l'album sur Bandcamp et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6).   

 

Stéphane Eicher  "Ode"

La Suisse sera aussi au rendez-vous du top 10 grâce au mystérieux Stéphane Eicher, classé premier en 2019 avec le merveilleux Homeless songs. À la vue de la pochette, on pressent que le ton et le concept du 17ème opus du Bernois sera sensiblement différent. Aux oubliettes la tristesse et la mélancolie (quoique...), Stephan Eicher retrouve le chemin des chansons de ces débuts, d’une énergie et d’une élégance rock remarquables, les beaux textes de l'écrivain Philippe Djian faisant le reste. Le résultat est un album lumineux et vibrant qui fait chaud à nos cœurs. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + quatre autres (1, 2, 3 et 4).   

 

Bertrand Belin  "Tambour vision"

7ème album pour Bertrand Belin dont les 5 derniers opus ont connu les joies du top 10, 8ème en 2010, 1er en 2013, 6ème en 2015, 3ème en 2019 et ... 4ème en 2023. Ceci signifie deux choses, d'une part, que le diabl@gueur est fan et d'autre part, que ce brave Belin ne sait faire que de bons disques et nous conquiert toujours, nous refilant pourtant à chaque fois la même recette. Mais comment résister au charme et à la voix du crooner breton. Il est vrai aussi que dans Tambour vision, les sonorités synthétiques prennent le pas sur les arrangements acoustiques sans pour autant que le french dandy perde cette élégance nonchalante qui est la sienne. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6). 

 

 

 

Florent Marchet  "Garden party"

On a retrouvé un Florent Marchet au mieux de sa forme en 2022 nous conviant à sa Garden Party particulière et très inspirée. Ce 6ème album délaisse l'odyssée futuriste du précédent opus (Bambi Galaxy) et renoue brillamment avec la verve de ses débuts (Gargilesse et Rio Baril). On est pas loin non plus de la préoccupation sociale du projet Frère Animal tant le Berrichon pointe tous les travers de notre société en observateur lucide. Et puis il y a cette capacité pour toujours trouver les mots justes et la formule qui fait mouche. Au final un album à écouter et à réfléchir sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6). 

 

      

Dominique A  "Le monde réel" 

Dans un style différent, voici sans doute l'autre cador de la chanson française (indie en l'occurrence alors que Biolay serait plutôt pop-rock). Après plus de 30 ans de carrière et une bonne quinzaine d'albums, ce sacré Dominique est encore capable de se renouveler et de nous surprendre par la même occasion. Le Monde Réel est un disque de contrastes, ambitieux et audacieux sur lequel plane le spectre de Manset mais aussi et surtout d'un certain Mark Hollis. Le chanteur a d'ailleurs déclaré sa flamme pour Talk Talk et son génial leader dont l'album Laughing Stock demeure son idéal artistique. Peut-être y arrivera-t-il un jour et même, pourquoi pas, atteindre les sommets en émulant l'album solo et chef d'œuvre absolu du regretté Hollis. C'est tout le mal qu'on lui souhaite ! Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6).

 

 

 

Pomme  "Consolation"

Après Klô Pelgag en 2020 et Clara Luciani en 2021, voilà de nouveau une demoiselle d'à peine 26 ans qui coiffe sur le fil tous les cadors de la chanson française. On connaissait déjà Pomme (Claire Pommet à la ville) dont le 1er opus s'était classé 22ème en 2017 et dont le 2ème n'était même pas entré dans le top, sans doute de manière injuste car sacré album révélation de l’année en 2020 lors des Victoires de la musique (il faudrait d'ailleurs le réécouter). Deux premiers albums intéressants somme toute, suivis de façon très surprenante par cette petite merveille de 3ème opus devant lequel toute la critique (le diabl@gueur y compris) est tombée à genoux. Voici quelques louanges glanées ça et là dans la presse spécialisées, "Fragile et envoûtante, Pomme colmate les failles avec "Consolation" (La voix du Nord), "La chanteuse sort un troisième album réussi, plus intime et aux accents pop sous influence nord-américaine" (Libération), "Consolation confirme néanmoins Pomme comme une des artistes francophones majeures" (Esprits critiques), "la chanteuse déroule le fil de sa jeune vie sur un troisième album apaisé et apaisant, où sa voix fait des merveilles" (Télérama), "on sentait bien que cet album allait s'imposer comme l'un des disques de la rentrée" (L'Obs), "Une œuvre intime, mais tournée vers les autres, dans laquelle la plus québécoise des chanteuses françaises tente de s’affranchir de la pression du succès et des regards extérieurs" (La Presse). C'est vrai qu'il y a beaucoup du Québec dans ce troisième album de la Lyonnaise qui a été enregistré presque en entier du côté de Lanaudière. Côté production, ce n’est plus l’impeccable Albin de la Simone qui est aux manettes mais le talentueux Flavien Berger. Cela ne bouleverse pas les mélodies graciles de la chanteuse mais leur donne par contre une rondeur et une luminosité nouvelles. Finalement, Consolation n’est pas un album qui saute à la gorge et même s’il est immédiatement beau, seule une écoute attentive permet d’en tirer tout le suc. Écoutez l'album sur Spotify. Vous pouvez consulter tout le Bestof 2022 en une fois et dans un autre ordre (1 à 53) ici.

Et pour ceux et celles qui en veulent encore, voici maintenant d'autres albums de groupes non sélectionnés ou d'interprètes français ou francophones ne chantant pas dans la langue de Molière ou ne chantant pas du tout. Cliquez sur les pochettes pour voir une vidéo.