Les meilleurs CD de 2022 (3)

Troisième volet du Bestof 2022 avec les artistes classés entre la 20ème à la 11ème place, une sélection où la parité sera encore et doublement respectée puisqu'il y aura 5 chanteurs et 5 chanteuses mais par-dessus le marché on y trouvera 5 artistes vétéran(e)s et 5 autres débutant(e)s dans le top et parfois aussi dans la carrière discographique de certain(e)s. Cette-fois-ci, il y aura un Belge, un Canadien et huit Français(e)s avec à nouveau des styles bien définis (rock, folk, pop) et souvent assez personnels ce qui fait le charme de ces interprètes parfois atypiques mais toujours talentueux. On notera surtout quelques bonnes surprises du côté des artistes féminines avec des premiers opus de tout beauté qui plairont (on l'espère) aux diablogueux et aux diablogueuses. Par contre, à la fin du présent billet, on filera le micro à d'autres chanteurs malchanceux qui n'auront pas connu le bonheur d'être sélectionnés mais qui méritent peut-être ou sans doute un peu d'attention tout comme les 10 veinard(e)s sélectionné(e)s et que l'on découvre sans tarder...

 

Gérard Manset  "Le crabe aux pinces d'homme"

Plus besoin de présenter ce vétéran de la chanson française (55 ans de carrière et 23 albums au compteur) atypique et attachant. Après son dernier album-concept À bord du Blossom (classé 24ème en 2018), le Francilien se paie une 4ème sélection avec ce nouvel opus au titre bizarre (clin d'oeil à Hergé ?) qui persiste dans la même veine musicale de l'oeuvre de ce vieux loup de mer nous transportant à nouveau dans son monde exotique et intemporel. On pourra critiquer son style trop classique (presque variété française) et la longueur de certains titres (7 ou 14 minutes) mais on pardonnera l'ami Manset pour son inépuisable faculté à nous transporter dans des ailleurs de plus en plus nécessaires. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + quatre autres (1, 2, 3 et 4).

Jonathan Personne  "Éponyme"

Que ce soit avec groupe Corridor (10ème en 2019) ou en solo (35ème en 2019 et 14ème en 2020), Jonathan Personne s'arrange toujours pour entrer dans le top du diabl@gueur. Le Montréalais confirme toute la singularité de son style et nous embarque encore une fois dans son univers nourri abondamment de sonorités psychédéliques de la fin des années 60. Convoquant à la fois Polnareff et Neil Young, entre country rock et BO de western, ce 3ème opus de Personne s'écoute comme un recueil de contes à la fois simples, enfantins mais aussi terriblement inquiétants. Écoutez l'album sur Bandcamp (avec les paroles) et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + quatre autres (1, 2, 3 et 4). 

 

 

-M-  "Rêvalité"

Septième album en 25 ans pour Matthieu Chedid et son alter ego super héros à la guitare infaillible repartis pour de nouvelles aventures après quelques albums légèrement décevants (hormis le superbe Lamomali). Un nouvel opus funky, ludique mais aussi mélancolique et romantique dont le titre mêle les mots rêve et réalité et qui se présente comme un remède pour ces temps difficiles. On y retrouve avec plaisir Gail Ann Dorsey (bassiste attitrée de feu David Bowie), apportant outre son jeu, des chœurs sublimes. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + cinq autres (1, 2, 3, 4 et 5).   

 

 

Marion Rampal  "Tissé"

Derrière cette pochette au style vintage se cache une chanteuse de jazz marseillaise (également autrice-compositrice) singulière et indiciblement attachante. Après quatre albums marqués par le jazz, le blues ou la musique classique, elle surprend avec ce 5ème opus de toute beauté où c’est la teinte folk qui domine, le blues et la Nouvelle-Orléans n’étant jamais loin derrière. Difficile de résister à la voix et aux mélodies intimistes de Marion Rampal sur laquelle un journaliste des Inrocks a écrit: "Son blues est extra-terrestre, son africanité blanche, sa féminité mâle, sa manière à elle seule". Nul besoin d'autre compliments, on écoutera alors avec curiosité son album sur Bandcamp (avec les paroles) et visionnera un clip en cliquant sur la pochette + cinq autres (1, 2, 3, 4 et 5).   

 

 

Lonny  "Ex-Voto" 

Dans le folk intimiste, on y reste grâce à Lonny (Louise Lhermitte de son vrai nom et fille cadette du célèbre acteur) qui a créé la sensation avec son premier opus Ex-Voto. Outre la superbe pochette, on y découvrira 11 pépites délicieusement folk nous emmenant directement de l'autre côté de l'Atlantique où la jeune chanteuse est partie se ressourcer. Ces modèles à suivre vont de Neil Young à Léonard Cohen en passant par Patti Smith, Cat Power ou Joni Mitchell. Elle a beaucoup écouté ses aînés prestigieux et cela s'entend bien dans ce merveilleux premier disque. Bravo Lonny ! Écoutez l'album sur Bandcamp (avec les paroles) et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + cinq autres (1, 2, 3, 4 et 5). 

 

BlauBird  "Le ciel est partout"

Pour son deuxième album et sa première sélection dans le top, la chanteuse Laure Slabiak alias BlauBird croise les langues (français, yiddish, anglais et espagnol) et les genres et nous invite à un voyage intérieur au-delà des frontières linguistiques et musicales. Venue du lyrique, la chanteuse réussit à allier indie folk et pop baroque lyrique pour un résultat hors du commun et affirme une personnalité tout à fait singulière dans le paysage de la chanson actuelle, à la fois littéraire, mélodieuse, nourrie d’influences venues du monde entier. On pense immanquablement à la regrettée Lhasa de Sela à l'écoute des 18 joyaux musicaux chantés majoritairement en français. Écoutez l'album sur Bandcamp et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + un mini-concert.

Jacques  "LIMPORTANCEDUVIDE"

Il se nomme tout simplement Jacques (Auberger à la ville) et, outre sa coiffure exubérante, on notera sa pop tout aussi luxuriante et décomplexée et son grand talent de compositeurs de chansons imparables. Après avoir fait ses premières armes dans la musique électronique répétitive, il décide de prendre le chemin de la chanson-pop pour son premier véritable album, montrant que cet amoureux des boucles et des rythmes sait aussi jongler avec les mots d'une manière ludique et foncièrement naïve. Assurément un des meilleurs albums pop de l'année qui est loin d'être vide. Écoutez l'album sur Bandcamp et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6).

 

 

Alexia Gredy  "Hors saison"

Encore un premier album qui a fait beaucoup de bruit que celui de cette charmante Alsacienne (également mannequin à ses heures perdues) dont les talents de compositrices ont été salués par la critique. Alexia Gredy a grandi sous l'aile d'un certain Baxter Dury et a composé un premier opus d'une grâce irrésistible, hors du temps, accroché aux sixties (Françoise Hardy, Barbara) mais aussi sous influences new wave et électronique, apportant une patte très moderne à l'ensemble. Au final, la Mulhousienne nous offre un bien bel objet aussi impressionniste qu'impressionnant. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + quatre autres (1, 2, 3 et 4).

 

 

Izïa  "La vitesse" 

Après Clara Luciani et Juliette Armanet en 2021, voici une autre chanteuse qui pète le feu avec un album en réaction au temps figé de la pandémie. Dans ce 5ème opus, Izïa prend un tournant résolument pop, à grands coups de synthés, abandonnant les guitares définitivement (ou presque) pour laisser place à l’électronique. L'ancienne rockeuse des débuts s'est muée en reine du dancefloor ce qui n'a pas plu à la critique (pas trop gentille à son égard). Il est vrai que l'album déroute un peu et s'envole dans tous les sens, le disco, la techno, le funk, le rock (quand même), l'électro(-latino), la chanson. C'est justement cet éclectisme qui a plu au diabl@gueur, outre la pêche du diable de la chanteuse, digne héritière de son regretté papa. Écoutez l'album sur Spotify et visionnez un clip en cliquant sur la pochette + six autres (1, 2, 3, 4, 5 et 6).

 

 

Arno  "Opex" 

Comme il avait été annoncé, Arno et son dernier album posthume seront de la partie dans le top 2022. Opex déroge un peu aux règles du bestof (4 titres sur 10 chantés en anglais) mais on fera une exception pour des raisons évidentes. Tout ou presque a été dit dans les trois billets consacrés au Tom Waits belge cet automne dernier. La critique a été dithyrambique à propos du 15ème album du regretté chanteur. On rappellera seulement quelques titres de presse  comme "Un album posthume empreint de courage et de pudeur" (Le Monde), "Le splendide dernier blues d'Arno" (L'Obs), "Un disque émouvant à plus d’un titre" (Télérama), "Adieu Arno" (Benzine magazine), "L’ultime et sublime révérence d’Arno" (La Voix du Nord), "L'ultime chant d'Arno" (Les Échos). Il ne nous reste qu'à (ré)écouter cet émouvant album sur Spotify et visionner un clip en cliquant sur la pochette + cinq autres (1, 2, 3, 4 et 5). 

 

On terminera le billet avec d'autres albums d'interprètes non sélectionnés par le diabl@gueur mais qui peuvent plaire à bien des lecteurs car le Bestof est en fin de compte tout à fait subjectif, aujourd'hui place aux artistes masculins.