La France et en particulier le monde littéraire est en deuil depuis hier. La nouvelle du décès de Bernard Pivot a surpris tout le monde y compris le diabl@gueur. Bon, l'homme avait déjà 89 ans mais on le pensait éternel tant sa vitalité et sa joie de vivre paraissaient inépuisables. C'est une véritable légende qui nous a quitté ce 6 mai dernier, un journaliste et présentateur énorme, un symbole de la francophonie, un amoureux des livres et du français et le créateur de la célèbre dictée télévisée. Un rapide coup d'oeil sur les titres de la presse de ce 7 mai donneront une idée de l'importance du personnage comme "La joie de livre" (Libération), "L'homme qui nous a fait aimer les livres" (Le Parisien), "Il était le Roi Lire" (Le Figaro), "Mort d'un passeur" (La Croix), "Bernard Pivot a fermé les guillemets" (L'Humanité), "Il nous a tant fait lire" (Paris Match), "La littérature a perdu son ardent défenseur" (Le Courrier), "Il était l'homme livre" (Le Progrès), "L'homme qui aimait les mots" (Le Télégramme), "L'homme qui incarnait la littérature" (Ouest-France), "L'homme qui apostrophait la culture" (Sud-Ouest), "Bernard Pivot referme le livre de sa vie" (Nice-Matin). L'auteur de ces mots adhère particulièrement au titre du quotidien La Marseillaise "Bernard Pivot, celui qui a fait rimer littéraire et populaire". C'est bien là le principal exploit et le grand legs que nous laisse l'ami Pivot, avoir rendu la littérature (pendant 25 ans avec la célèbre émission Apostrophes) et ensuite la culture en général (pendant 10 ans avec le non moins célèbre émission Bouillon de culture) populaires, attrayantes, amusantes et finalement passionnantes. N'oublions pas que ces deux émissions très culturelles et plutôt pointues étaient diffusées en prime time absolu le vendredi soir juste. Le diabl@gueur se rappelle encore aujourd'hui la grande tristesse ressentie quand Pivot annonça en juin 2001 l'arrêt de Bouillon de Culture, la même tristesse ressentie aujourd'hui à l'annonce de sa disparition. Quelles belles soirées de télévision passées en sa compagnie et avec ses invité(e)s ! Et quel(le)s invité(e)s depuis Vladimir Nabokov à Marguerite Duras en passant par Norman Mailer, Alexandre Soljenitsyne, Marguerite Yourcenar, Milan Kundera, John Le Carré, Tom Wolfe ou Umberto Eco. Et en dehors de la littérature le Dalai Lama, Robert Badinter, François Mitterrand, Felipe Gónzalez, Pierre Bourdieu, Claude Lévi-Strauss, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Georges Brassens, Serge Gainsbourg ou encore Renaud. Et si nous pensons à Bouillon de culture, la liste s'allongera encore. On est bien loin des piteuses émissions de télé-réalité que nous offre la petit écran aujourd'hui. Après la retraite de Pivot, personne n'a pu reprendre le flambeau littéraire avec semblable succès ni Patrick Poivre d'Arvor avec Ex-Libris ou Vol de nuit ni Bernard Rapp avec Caractères ni Philippe Tesson avec Ah ! quels titres ni Guillaume Durand avec Campus ou Esprits libres ni Daniel Picouly avec Café littéraire ni François Busnel avec La Grande librairie. La magie Pivot n'était plus au rendez-vous.
Pour celles et ceux qui n'ont pas eu la chance de le connaître, les deux hommages télévisés ci-dessus donnent une idée assez claire du personnage, tout entier fait de simplicité, de naturel, de sympathie et comme dit très bien son ami Luchini cette bonhommie (faussement) naïve qui était sa marque de fabrique. On est loin de son alter ego espagnol, l'ineffable Fernando Sánchez Dragó, plutôt aux antipodes du Madrilène le Lyonnais. Pivot était un passionné de littérature et de culture mais aussi un amoureux du vin (surtout le beaujolais), un fan de football (les verts de Saint-Étienne) et un grand gourmet. Il aimait et défendait surtout la langue française, créa la fameux concours de dictée et, distinction suprême pour cet amoureux des livres, devint membre et président de l'académie Goncourt. L'ami des écrivains écrivit un vingtaine de livres parmi lesquels on citera on citera Les Mots de ma vie, Oui, mais quelle est la question ?, le Dictionnaire amoureux du vin, Le métier de lire, Au secours ! Les mots m'ont mangé, Les tweets sont des chats, Lire !, La mémoire n'en fait qu'à sa tête et...
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