Les vieux fourneaux

Cette semaine, les élèves de notre vénérable établissement qui fête quand même cette année son 30ème anniversaire (ça ne nous rajeunit pas) ont pu se fendre la pipe avec une deuxième comédie de derrière les fagots. Ce sont donc Les vieux fourneaux qui ont déboulé (malgré leur âge) dans notre salle de projection pour notre plus grand plaisir. Tout ça grâce au cinéaste Christophe Duthuron qui laisse ainsi sa carte de visite puisqu’il s’agit de son premier film. Pari gagnant donc pour ce Lot-et-Garonnais qui n’avait perpétré que quelques modestes scénarii jusqu’à présent. Sorti en plein été 2018, le film réalisa un score plus qu’honorable au box-office avec un peu moins d’un millions d’entrées. Ce brave Duthuron a eu la bonne idée d'adapter pour son premier long-métrage la BD du même nom dont les auteurs Wilfrid Lupano et Paul Cauuet ont déjà publié 5 albums avec un grand succès de vente et quelques récompenses à la clé. 

Au final le film se révèle assez fidèle à la BD avec ce mélange de tendresse et d'irrévérence qui caractérisent souvent les vieux fourneaux comme Pierrot, Mimile et Antoine. Autrement dit si vous avez aimé le film, il y aura des chances que vous aimiez aussi la BD. Le film reprend exactement l'histoire du 1er tome Ceux qui restent. Quatre autres albums tout aussi drôles ont poursuivi les aventures de ce trio d'enfer, Bonny and Pierrot, Celui qui part, La magicienne et Bons pour l'asile, publiés entre 2014 et 2018.

La série s'inscrit clairement dans la tradition de bonne vieille BD humoristique dont Astérix et Obélix sont les porte-drapeaux incontestables, la même chose pouvant être dite du film. Pour les étudiants de FLE, ce film montre bien que les vieux de la vieille savent aussi manier l'argot et la langue populaire. Les dialogues truculents à souhait donneraient à penser que nous suivons les aventures de trois jeunes copains dans le vent plutôt que celles de trois vieux crabes rabougris. Quelques explications s'imposent donc.

On fout des alloufs dans les serrures pour bloquer les portes.

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?

C'est notre pote.

J'ai d'autres choses à foutre.

Tu sais bien que je vois que dalle.

C'est vraiment paumé, ta piaule.

Tu parles d'un nom à la con pour une maison de retraite !

Oh, l'enfoiré !

Quel merdier ! 

Qu'est-ce que tu fous avec ton zinzin ?

Dans le cul, la mafia du bitume ! (= que le den!)

C'est son Jules ?

La Toscane ? Oh, les salauds !

On s'aperçoit qu'elle en a un gros sous le tablier.

Oh, la touche !

On va la torcher !

C'est mieux que de galérer à Paris avec ton minimum vieillesse.

Et tu comptes emmerder le monde encore longtemps ?

Pas mal pour une taupe !

Ah, tu veux jouer à ça !? Ça va chier !

T'as vu la tronche de ma caisse ?

Comme quoi, il lui aurait balancé une torgnole.

Ça sert à quoi, tes conneries ?

T'es débile !

Il voit peau d'zob. C'est un danger public.

Vous êtes givrés.

En tous cas, elle me fait  bien marrer, la Lucette.

Des coups de cœur ? Ha ! Mon cul !

Je suis parti sans mon larfeuille, avec toutes ces conneries.

Elle a flingué la région, Berthe.

Elle a toujours fait chier le monde.

Tu commences à me courir sur l'endive.

Déjà qu'il avance pas, ton bahut !

Ce que je voulais, surtout, c'est voir le loup.

Vous vous pointez pour souhaiter "bon courage" au locataire suivant.

Ah, vous manquez pas d'air.

Vous avez salopé toute ma planète.

On va voir si on peut le choper.

Il bassine tout le monde avec ça.

Ah, les manches !

T'es vraiment le roi des emmerdeurs.

La vache ! C'est vrai qu'il a rendu l'antenne, le vieux.

Je vais gerber.

J'en ai plein le fion de Garan-Servier.

Je vais me le faire.

Je perds un peu la boule.

Ça commence à me gonfler.

Je te garantis que quelqu'un va finir par cracher le morceau.

Bon, allez, on s'arrache ?

Ta mère a couché avec les schleus.

T'as rempli tes poches avec l'argent des boches.

On se tape des centaines de bornes.

Alors là, c'est le pompon sur la cerise.

Ne vous faites pas de bile.

Même si on chope le tétanos, on l'aura pas volé.

En lisant la BD, on se rend compte de l'aubaine que constitue pour un réalisateur l'adaptation d'une bande dessinée. Duthuron ne s'est d'ailleurs pas cassé la tête et a demandé directement à Wilfrid Lupano (scénariste et co-auteur de la BD) de scénariser son film. Voilà pourquoi le film est si fidèle à la BD au point de répliquer exactement une multitude de plans. Voyez plutôt.

La semaine prochaine il sera aussi question de bande dessinée. La fin de l'année approche, ce sera donc l'heure des récapitulations et du champagne. En attendant les vieux fourneaux vous souhaitent que dalle.