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dimanche 5 avril 2020

Corto Maltese


Après le dernier billet-hommage à Bretécher et Uderzo de la semaine dernière, revenons à nos moutons et au billet qui trottait dans la tête de ce diable de blogueur. Pour enchaîner avec ce qui était dit la semaine dernière, chaque pays à son grand héros de bande dessinée, Tintin en Belgique, Astérix en France, Mafalda en Argentine et ... Corto Maltese en Italie. En Espagne et aux États-Unis, c'est plus difficile à trancher, chez nous faute de héros véritablement emblématiques (Mortadelo?, Capitan Trueno?,...), chez les Ricains, par contre, il y a excès de candidats faisant la queue pour occuper le trône. Ce sera sans doute un nom terminé en -man, on a le choix. Sauf exceptions, la bande dessinée américaine n'a d'ailleurs jamais trop intéressé le diabl@gueur, trop facile, trop peu originale, pas assez soignée. À la bande dessinée "industrielle" et formatée d'outre-Atlantique, notre blogueur a toujours préféré la BD artisanale et "d'auteur" de notre chère Europe. Corto Maltese en est un vif et bel exemple. Alors pourquoi parler aujourd'hui du célèbre marin aventurier créé par le non moins célèbre et regretté Hugo Pratt? Et bien parce que, comme pour Les Indes fourbes dont on a récemment discuté, Corto Maltese a été repris par deux auteurs espagnols, Juan Díaz Canales et Ruben Pellejero. C'est donc un nouveau vibrant cocorico espagnol que nous pouvons lancer à la cantonade.


Heureusement que, comme beaucoup d'autres auteurs de BD, Hugo Pratt n'a pas suivi l'exemple d'Hergé qui n'a permis à personne de prendre sa relève. Tintin est mort avec son créateur en 1983 et depuis "tintin!" comme disent nos amis Belges. Bel exemple d'égoïsme forcené que celui-là! Dieu merci, ce fut différent avec Astérix, Blake et Mortimer, Blueberry et ... Corto Maltese. Sans doute que Canales et Pellejero n'en crurent pas leurs oreilles quand il leur fut proposé de reprendre le héros prattien. Ainsi depuis 2015, trois albums virent le jour qui soutiennent la comparaison avec ceux du maître. 





Le défi était de taille mais nos compatriotes ont gagné leur pari en restant fidèle au maître. Canales a bien su retrouver le laconisme propre au héros même si ses scénarios paraissent parfois trop solides et on en est à regretter un peu les raccourcis, les à-peu-près et les ellipses poétiques qui faisaient tout le charme du style prattien. Pellejero, quant à lui, renoue avec le Hugo Pratt des débuts et reprend fidèlement nombre d'attitudes corporelles du marin maltais, offrant au passage quelques très belles cases muettes. 

Il faut ajouter bien sûr les 29 albums publiés par le maître entre 1975 et 1992. En tout 32 albums à consommer donc sans modération. Si l'on se penche sur les autres œuvres de Canales et Pellejero, il y a là aussi matière à lire. Le scénariste madrilène Canales a travaillé avec le dessinateur Guarnido pour l'archi-récompensée série Blacksad mais aussi Les Patriciens et Fraternity (humoristique et fantastique respectivement), Le dessinateur catalan Pellejero quant à lui s'est surtout illustré dans les séries Dieter Lumpen et Secrets - L'Écorché auxquelles il faut ajouter les albums Le silence de Maika, Un peu de fumée bleue ou Tabou. À recommander aussi et pour revenir au maître italien, l'album consacré à l'écrivain Saint-Exupéry, nul autre que Pratt aurait pu rendre plus bel hommage à l'écrivain disparu. Finalement pour ceux que le personnage Hugo Pratt fascine encore, notons la parution très récente (26 février) du roman plus ou moins biographique Hugo Pratt, trait pour trait que l'on doit au réalisateur et scénariste Thierry Thomas. Alors bonne lecture!



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