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mardi 14 mai 2019

Que faire de Notre-Dame?


Que l'on soit croyant ou pas, nous avons tous été plus ou moins bouleversés en apprenant la nouvelle de l'incendie de Notre-Dame. Toutes proportions gardées, la catastrophe nous a étrangement rappelé celle des Tours Jumelles de New York (terroristes et victimes en moins bien heureusement) et certains journalistes de déclarer que ce 15 avril dernier restera comme le 11 septembre des Français. En effet, bien plus qu'un simple monument, c'est un véritable symbole qui a brûlé il y a un mois et comme a écrit un certain Victor Hugo, "chaque face, chaque pierre du vénérable monument est une page de l'histoire du pays". Et c'est bien vrai qu'elle a toujours accompagné le peuple français durant les épisodes les plus dramatiques ou les plus joyeux de son histoire (depuis 1163 en tout cas). On comprend donc les larmes du 15 avril dernier. Mais aussi le soulagement qui a gagné la population en entendant Saint-Macron annoncé fièrement que la cathédrale serait reconstruite en 5 ans et surtout quand les millions d'euros ont commencé à pleuvoir comme s'il n'y avait pas de lendemain. Actuellement il y a peut-être assez d'argent pour reconstruire la cathédrale et en faire une ou deux répliques en banlieue parisienne ou à Valenciennes. En l'occurrence, jamais un proverbe ne pouvait mieux tomber que le fameux "À quelque chose malheur est bon" et ce sont surtout les artisans, restaurateurs, maçons, architectes et autres entrepreneurs du bâtiment qui se frottent les mains en imaginant le beurre qu'ils vont pouvoir mettre dans leurs épinards. À présent une autre grande question se pose, que faire de Notre-Dame? Reconstruire la cathédrale telle qu'elle était ou profiter de l'occasion pour bâtir un temple nouveau et moderne à l'image de la Sagrada Familia de Barcelone, par exemple. Le débat est lancé et nous connaîtrons bientôt la décision qui sera prise. 

Histoire de donner quelques idées, le journal Libération dans son édition du 24 avril a eu l'excellente idée de demander à plusieurs dessinateurs de BD d’imaginer ce que pourrait être la Notre-Dame du XXIe siècle. Le résultat est plus que surprenant, voyez plutôt. 

Point de vue (François Schuiten)
«La flèche incarnant pour une bonne part, la dimension iconique de Notre-Dame, c’est ailleurs qu’il faut introduire la modernité. Si la charpente peut être l’enjeu de prouesses d’ingénierie, la reconstruction elle-même peut aussi donner lieu à la mise en scène novatrice d’un chantier emblématique: des passerelles pourraient tourner autour de l’édifice, permettant au public de découvrir, dans les détails, le travail des artisans à l’œuvre et de circuler dans les hauteurs, pour apprécier, par des points de vue inattendus, le lien extraordinaire entre la cathédrale et sa ville.» 

Attraction (Emilie Gleason)
«Disney fait un don de 5 millions.»

Bathédrale (Brecht Evens)
«La rédaction me rappelle a posteriori que la devise de Paris est "Fluctuat nec mergitur" et le bateau, son emblème, mais si j’avais envie de dessiner cette bathédrale, c’est plutôt parce que ça me fait marrer, et à cause des bouquins de pirates et explorateurs que je lis dernièrement. Si on veut reconstruire, on pourrait y aller éclectiquement, de la Sagrada Familia, du Hundertwasser, un jardin à gauche et une fantaisie à droite, semi-bordélique et bien couvert de gicleurs, et si on a l’occasion, se disputer sur le résultat dans les siècles qui viennent.»

Verdure (Lorenzo Mattotti)
«En début de soirée, le feu dévora la flèche, amoureuse des flammes qui l’enveloppaient et l’illuminaient d’une beauté éphémère. Elles s’étaient déjà lassées d’elle, dans leur fougue de tout réduire en cendres. Et puis l’incendie n’eut plus rien à dire, seulement de la tristesse. Une profonde tristesse qui, le matin venu, l’incendie maîtrisé, imprégnait encore les murs de l’église. Maintenant, elle devrait demeurer ainsi, seule avec ses murs nus, ouverte et sans toit. On devrait y cultiver herbes et plantes médicinales des traditions les plus anciennes. Et dans cette verdure y élever les anges, qui arpenteraient la ville avec leurs bruissements d’ailes et leurs murmures, dans la langue angélique dont nous, humains, ne percevons que le silence. Durant 1 200 ans.»

Arche d'accueil (Sophie Guerrive)
«Dans un pays dont on est en train de détruire les acquis sociaux, où les revendications sont méprisées, où l’on repousse les navires vers le fond des mers, l’argent coule à flots pour rebâtir une cathédrale d’un autre âge. Cet événement montre à quel point la misère est le résultat d’un choix. Je préfère une cathédrale sans toit, ouverte comme une arche symbole d’accueil et de partage, plutôt qu’un nouveau monument au cynisme.»

Élévation (Philippe Druillet)
«Ne pas être profane et, surtout, respecter le sacré tout comme, en son temps, Gaudí a pu le faire. Et puis, avec notre époque, il y a de nouveaux matériaux, donc on peut facilement se réinventer afin de remplacer, renforcer l’existant. Le plus important est l’élévation. Cette élévation doit alors associer modernité et ancestralité pour qu’il y ait une continuité dans les siècles.»

Alors quelle idée préférez-vous? Le diabl@gueur hésite entre l'Arche d'accueil et la Verdure. Auriez-vous une autre idée géniale?



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