Comme chaque année en septembre, l'heure de la rentrée littéraire a sonné et à présent c'est la course aux prix littéraires qui est lancée. En 2024, on avait compté jusqu'à 459 romans parus à cette époque (entre fin-août et début octobre), cette année, ce ne sont pas moins de 484 romans qui ont déferlé dans les librairies. Certains de ces romans sont d'ores et déjà dans la liste des sélectionnés pour les nombreux prix littéraires (Goncourt, de l’Académie française, Renaudot, Femina, Médicis, etc.). Le diabl@gueur a aussi fait sa petite sélection et en a choisi 10 qu'il a hâte et envie de lire et parmi ceux-ci certains ont aussi été présélectionnés par l'académie Goncourt. Des 15 romans en lice pour le Goncourt, le modeste blogueur que voici a choisi le dernier roman de Nathacha Appanah, Caroline Lamarche (Vive la Belgique !), Emmanuel Carrère et Laurent Mauvignier. Six autres livres viennent compléter la liste et curieusement plusieurs d'entre eux abordent le thème de la famille (Mauvignier et Lamarche), de la mère (Carrère et Nothomb), du compagnon/compagne de vie (Warrior). Le diabl@gueur n'ayant donc pas encore lu aucun de ces romans, on vous laissera ci-dessous la critique avisée d'un lecteur ou une lectrice. En tous cas, ça fera une flopée d'heures de lecture et de plaisir, surtout si on lit les 484 romans !
La dernière oeuvre littéraire d'Emmanuel Carrère est un livre kaléidoscopique qui marie la grande Histoire, la fresque familiale et le récit introspectif, offrant une plongée fascinante dans l'intimité et l'héritage de l'auteur autour de la figure emblématique de sa mère, Hélène Carrère d'Encausse. Autant vous le dire tout de suite, j'ai trouvé la manière de l'écrivain de nous raconter cette saga familiale aussi saisissante que l'imaginaire époustouflant d'un roman. J'ai lu ce roman familial d'une traite, il m'était impossible de lâcher l'histoire sidérante de cette famille, de sa famille, qu'Emmanuel Carrère nous raconte sur quatre générations, mais cela va bien au-delà, c'est une fresque immense où résonnent en toile de fond la Révolution bolchévique, l'exil des Russes blancs, la seconde guerre mondiale, la France des trente glorieuses et l'ombre de l'Ukraine contemporaine dans le fracas du monde actuel. C'est à la mort de sa mère il y a un peu plus de deux ans, durant l'été 2023, qu' Emmanuel Carrère se saisit de ce deuil douloureux comme porte d'entrée pour écrire ce livre et faire d'Hélène Carrère d'Encausse son personnage principal. (berni_29)
Une maison volante qui poursuit sa route sans rien abîmer, et qui réussit à ne pas s'écraser et à n'écraser personne… c'est un rêve récurrent de la narratrice de ce roman (qui a beaucoup de points communs avec Caroline Lamarche) et qui représente bien l'histoire entrelacée de son couple (et tous les amants y associés) et de son ancêtre oublié. La narratrice est donc mariée avec Vincent, un mari et un père très attentionné, qui se révèle en fait homosexuel et fréquente de nombreux amants, accueillis, admis au sein de la maison familiale : loin d'elle l'idée de divorcer, de quitter cet homme, elle préfère le chiffre trois au chiffre deux. Voilà un roman au sujet traité de façon vraiment originale à mon sens. J'avoue qu'à la place de la narratrice, je ne suis pas sûre du tout que je serais restée avec un mari homosexuel... (adtraviata)
On reprochera à Laurent Mauvignier (comme à Emmanuel Carrère) d'avoir puisé dans les archives familiales. Que les peine-à-jouir aboient autant qu'ils veulent : Laurent Mauvignier, c'est de la grande littérature ! De la légende d'une vieille photo, il tire un roman flamboyant, dans un style qui n'appartient qu'à lui, précis, pointilliste, parfois jusqu'à l'obsession (cette émouvante révélation p.722). Une prouesse. Essayez d'imaginer avec forces et détails la vie de votre aïeul à partir d'un cliché jauni et de quelques souvenirs diffus. Ce roman est un hymne à l'humanité, entre espoir et cruauté. Cette année encore, Laurent Mauvignier mérite le prix Goncourt. Sa prose est largement au-dessus de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. (Litteraflure)
La Nuit au cœur tresse trois histoires de femmes victimes de la violence furieuse de leurs compagnons, devenus leurs bourreaux. Un maçon, un poète et un chauffeur. Des hommes quelconques, des “Monsieur Tout-le-monde”. Deux n'y ont pas survécu : Emma, la cousine de l'autrice, et Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari en 2021, après une ultime et vaine tentative de fuite. La troisième, Nathacha Appanah elle-même, a survécu… et écrit. L'entrelacement de ces récits donne une profondeur collective : on comprend que ces violences ne sont pas des accidents tragiques, mais l'expression d'un phénomène systémique. L'expérience intime devient ainsi miroir d'un fait de société. Des décennies plus tard, Nathacha Appanah choisit donc d'affronter cette part trouble et douloureuse de son passé. Elle raconte ce qu'il y a de plus sombre chez un homme face à une femme : la domination, la haine, l'emprise. (HordeDuContrevent)
En apprenant que dans ce douzième roman l'écrivain évoquait sa vie de SDF à 17 ans, je n'ai pas vraiment hésité à lui emboîter le pas dans la rue, celle qui isole, qui abandonne et qui détruit les plus démunis… mais heureusement pas toujours… parfois la main qui se tend n'est pas celle qui quémande la petite pièce qui permettra d'endormir la faim, mais celle qui aide le malheureux à se relever dans un geste que l'on nommera volontiers solidarité ! Tout débute donc à 17 ans, le moment clé de sa vie où il décide non seulement de quitter Lyon, mais surtout « l'Autre », ce père violent, raciste et mythomane. Un saut dans l'inconnu, vers une nouvelle vie qu'il démarre armé d'un nouveau nom, Kells. Un saut qui prend très vite l'allure d'une chute inéluctable au cœur de cette capitale française que certains surnomment certes la ville lumière, mais qui dévoile très vite ses côtés les plus sombres. (Yvan_T)
Ce Tant mieux est une réussite. Amélie nous parle de sa mère décédée en 2024. Une mère étrange et très belle mais en proie à des conflits très ancrés suite à des traumatismes d'enfance devant une mère qui préférait ses chats à ses trois filles. C'est Adrienne l'héroïne de ce roman. Une jeune enfant au caractère docile que les parents caseront les vacances chez la terrifiante grand-mère maternelle à Gand. Jacqueline, sa sœur, plus téméraire ira chez la gentille grand-mère paternelle de Bruges. Ce séjour à Gand va bouleverser le quotidien de la petite famille où les chats des uns et des autres feraient mieux de prendre la poudre d'escampette. Beaucoup de scènes cocasses, de réflexions boucliers antidouleur, ce mantra de Tant mieux pour se forcer à voir la vie du bon côté. (Ladybirdy)
Daniel, le protagoniste principal de ce roman, est un adolescent comme les autres. Il se calfeutre dans sa chambre avec Pink Floyd dans les oreilles pour rêvasser à son amour perdu, à deux excellents copains, Marc et Justin, avec qui il fait les quatre cents coups, fume du gazon et donne des cours de maths à une jeune adolescente qui ne comprend rien. Son objectif de cette année : obtenir le bac. Entre les leçons, le fantôme de son amour perdu, et l'étrange disparition d'un de ses camarades, Daniel a de quoi s'occuper jusqu'à la fin de l'année scolaire. Portrait de la transition à l'âge adulte, Fabcaro revient avec ce septième roman avec un anti-héros adolescent comme on les affectionne. Chronique d'une année de terminale dans les années 1980 : avec ses multiples références cinématographiques et musicales, le romancier dépeint avec humour les affres de l'adolescence. (Rachel2112)
Au fil des chapitres, l'autrice nous entraîne dans une fresque captivante, où les figures familières de Dumas – Athos, Porthos, Aramis, Richelieu, le duc de Buckingham – croisent le destin tragique d'une femme qu'ils n'ont jamais vraiment comprise. L'ambiance du XVIIe siècle, les complots de cour, les duels, les trahisons : tout est là, dans une prose élégante et immersive. Mais ce qui bouleverse avant tout, c'est le regard porté sur Milady : non plus celui, biaisé, de ses juges et bourreaux, mais celui, neuf et juste, d'une narratrice qui choisit de voir au-delà des apparences. J'ai été profondément emportée par ce roman. Il offre une relecture brillante, féministe et poignante d'un personnage trop longtemps réduit à une simple antagoniste. Il réhabilite une femme complexe, indomptable, dont les failles et la force résonnent avec une modernité saisissante. Si les mousquetaires n'ont pas su ou voulu comprendre Milady, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, elle, la comprend, la défend, et lui rend la justice que l'Histoire lui a refusée. Et nous, lecteurs, on ne peut qu'applaudir et remercier cette magnifique entreprise littéraire ! Une très belle découverte de cette rentrée littéraire ! (Sando)
Tout débute avec la rencontre de trois étudiants passionnés d'art (Ren et Yuki) et de musique (Bin) en pleine Guerre mondiale. Nous nous mettons dans les pas d'un triangle amoureux des plus singuliers que nous suivrons sur de longues décennies, à travers les 4 parties et l'épilogue de ce roman de moins de 300 pages. C'est une superbe histoire d'amour mais aussi une histoire d'amour de l'art : de la peinture et de la musique, à travers Ren et Bin au début, puis de Yuki, elle aussi peindre, et de ses enfants et petits enfants, qui se tournent plutôt vers la musique. Une vraie dynastie d'artistes ! Avec une plume pleine de pudeur pour traiter des chagrins et du poids de l'âme, l'auteur nous berce avec l'évolution de ces êtres à travers les différentes phases de leur vie. Nous les rencontrons tout jeunes pour les quitter après qu'ils aient traversé les portes de la mort. C'est ainsi tout un cheminement personnel et artistique qu'il nous livre. J'ai vraiment été touchée par la sensibilité de l'auteur, toute la retenue qu'il y a mis et sa sincérité, rendant ce récit profondément »réel » pour moi. (Tachan)
2015, Mexique, Chacahua, l'auteure qui est la narratrice de cet ouvrage est en vacances avec sa compagne Pauline. Cette dernière remarque une grosseur sous son sein. Elle pense que c'est un simple kyste. de retour à Paris et après un examen médical, on lui diagnostique un cancer du sein. Dès lors commence la descente aux enfers pour Pauline et la narratrice. Rebeka Warrior raconte cette course infernale vers l'inexorable mort. Elle explique le rôle d'accompagnante qu'elle a joué en assistant son amie dans le long processus vers une hypothétique guérison. Face à cette impuissance, Rebeka Warrior raconte son combat pour surmonter cette tragédie, la maladie et la perte d'un être cher. la meilleure attitude pour surmonter la mort, pour évacuer l'insupportable, c'est l'accepter, accepter de laisser partir la personne qui vous est la plus précieuse et la reconstruction après le vide abyssal laissé par la défunte est longue. C'est un chemin de croix. Rebeka Warrior nous livre le témoignage de cette expérience inhumaine, insurmontable sous la forme non pas d'un récit mais d'un journal de bord comme le ferait le capitaine d'un navire en train de sombrer. (BillDOE)












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